36 membres d’un parti d’opposition ougandais inculpés pour terrorisme

En Ouganda, 36 membres du Forum pour le changement démocratique (FDC), un parti d'opposition, ont été inculpés ce lundi 29 juillet 2024 pour "terrorisme". Quelques jours plus tôt, ils avaient été expulsés du Kenya, où ils suivaient une formation.

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Manifestation Ouganga

Manifestation contre la corruption à Kampala, en Ouganda le mardi 23 juillet 2024. Des dizaines de personnes ont été arrêtées alors qu'elles tentaient de marcher vers le Parlement. 

AP Photo/Hajarah Nalwadda
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Lundi 29 juillet, la police ougandaise a annoncé l’arrestation de 36 membres du parti d’opposition Forum pour le changement démocratique (FDC), affirmant, sans plus de détails, qu'ils "se livraient à des activités secrètes soupçonnées d'être subversives, attirant l'attention des forces de sécurité kenyanes". Selon la police, les membres de l'opposition auraient été remis le 24 juillet aux autorités ougandaises.

"Il s'agit d'un abus absurde d'une procédure judiciaire pour mener une chasse aux sorcières et tourmenter les partisans de l'opposition", a déclaré l'un des avocats représentant le groupe, Erias Lukwago. Il affirme que les membres du FDC s'étaient rendus à Kisumu, au Kenya, pour suivre un séminaire de formation. 

Selon l’avocat, le groupe a nié les accusations. Une prochaine audience des 36 membres du FDC, qui risquent selon lui la prison à vie, est prévue le 13 août.

Situé dans la région des Grands lacs, en Afrique de l'Est, l'Ouganda est dirigé d'une main de fer par Yoweri Museveni depuis 1986.

Sur X, l'ancien candidat à la présidentielle et opposant Kizza Besigye, ex-dirigeant du FDC, a dénoncé une "junte" au pouvoir et affirmé que les 36 inculpés pour terrorisme avaient été "illégalement détenus et ramenés furtivement du Kenya"

"Le seul but de cette accusation est de rendre difficile pour les accusés de demander une mise en liberté sous caution, afin qu’ils soient enfermés pendant des mois. L’accusation n’est qu’une extension de la torture physique qu’ils ont endurée jusqu’à présent", a-t-il poursuivi. 

Sévère restriction

Sur une vidéo mise en ligne par le journal Daily Monitor, les partisans du FDC, présentés devant le tribunal de grande instance de Nakawa, dans la banlieue de la capitale Kampala, scandent "Nous vaincrons, Museveni partira un jour". 

Les autorités ougandaises sont régulièrement pointées du doigt par les organisations de défense des droits humains. En 2021, lors de la dernière présidentielle, entachée de fraude selon l'opposition, des manifestations contre une énième arrestation de l'opposant Bobi Wine avaient été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant au moins 54 morts. 

"Les autorités ont continué de restreindre sévèrement les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique", avait affirmé en 2023 Amnesty international. 

Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé à libérer des dizaines de manifestants arrêtés et inculpés pour avoir participé la semaine dernière à des rassemblements anti-corruption, interdits par les autorités. 

En Ouganda, pays dont la population est parmi la plus jeune au monde, les trois quarts des habitants ayant moins de 35 ans selon l’Unicef, les critiques contre la corruption s'inscrivent dans un contexte difficile pour trouver du travail et pour exercer la liberté d'expression.