18 mars 1962. Au bord du lac Léman, à l'hôtel du Parc dans la ville d'Evian, Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie, les négociateurs désignés par le général de Gaulle, et le vice-président du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne), Krim Belkacem, signent les accords d'Evian qui mettent fin à ce qu'on appelle encore à l'époque les événements d'Algérie. Un trait était tiré sur cent trente-deux ans de colonisation française en Algérie. Tout, pourtant, n'était pas dit.
Il y a cinquante ans, le Front de libération national (FLN) et l'État français ont mis fin à un des conflits les plus cruels de l’après-Guerre et tiré, du même coup, un trait sur cent trente-deux ans de colonisation française en Algérie. Une domination ouverte l’été 1830 et depuis lors émaillée d’incessantes insurrections dont la dernière, celle de la Toussant 1954, sonna le glas d’une “Algérie française” au profit d’une “Algérie algérienne”. Réunis à Evian-les-Bains, en Haute-Savoie, Algériens et Français paraphent, le 18 mars 1962, les accords dits d’Evian qui se traduisent par un cessez-le-feu applicable dès le lendemain sur tout le territoire algérien où vivent un millions d’”Européens” et neuf millions de “Musulmans”, selon le jargon officiel de l’époque. Soumis à référendum le 8 avril suivant et dans la seule France métropolitaine, les électeurs des 14 départements d’Algérie étant exclus du scrutin, ils sont approuvés par neuf votants sur dix.
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Ces “accords d’Evian” –le titre officiel en est “Déclaration générale des deux délégations du 18 mars 1962”- mettent fin officiellement à plus de sept ans de guerre pour laquelle la France a déployé environ 500 000 hommes et durant laquelle plus de 400 000 Algériens sont tués (plus d'un million et demi selon l'État algérien), plus de 2 millions de paysans déplacés, 16 000 villages détruits. Côté français, on décompte 28 500 morts militaires, 15 000 à 90 000 harkis, 4 000 à 6 000 civils « européens », et environ 65 000 blessés. Si les “accords d’Evian” scellent la paix en Algérie, le terme de “guerre” n’en fut reconnu que très tard par la France, sous le premier mandate de Jacques Chirac, en juin 1999! IL n’empêche, si l’Etat français a reconnu la nature véritable du conflit, seuls sont pris en compte les actes individuels commis par des militaires. Le caractère organisé de la répression des Algériens, incluant usage du napalm et recours à la torture, par des soldats agissant au nom de l'État français n’a, lui, toujours pas été admis. Pour sa part, l'État algérien n’a jamais reconnu les exactions commises au nom du FLN contre les civils, “européens” ou même “musulmans”, avant et après le 18 mars 1962.