Fil d'Ariane
À l'instar du Niger, le Mali a débaptisé les rues et places publiques dont le nom fait allusion à l'administration coloniale française ou à l'organisation régionale ouest-africaine. Un décret du régime malien, diffusé mercredi 18 décembre, liste une vingtaine de lieux publics rebaptisés à Bamako.
Les habitants de Bamako devront être attentifs aux changements d'adresse. De nombreuses rues et places de la ville ont été rebaptisées pour effacer les traces de l'ancienne puissance coloniale française et de l'organisation régionale ouest-africaine. Le décret du régime qui atteste de ces changements a été diffusé ce mercredi 18 décembre.
L'avenue Cedeao devient ainsi l'avenue de l'AES, en honneur de la nouvelle alliance formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. D'autres rues qui évoquent l'administration coloniale française, telles que Faidherbe, Brière de l'Isle et Archinard, portent désormais le nom de Mamadou Lamine Drame, Banzoumana Sissoko et El Hadj Cheick Oumar Tall, toutes des personnalités locales. L'avenue Ruault prend, elle, le nom du capitaine Sékou Traoré, ancien capitaine des forces armées maliennes.
Au total, ce sont près de 25 lieux – boulevards, avenues, rues, places publiques, établissements publics – qui sont rebaptisés à Bamako. Une mesure qui a déjà été adoptée par le Niger et le Burkina Faso au cours des deux dernières années.
En octobre dernier, le régime nigérien a mené une opération symbolique de baptêmes des rues à Niamey. "La plupart de nos avenues boulevards, rues, portent des noms qui rappellent tout simplement les souffrances et les brimades subies par notre peuple par l'épreuve de la colonisation", avait déclaré le colonel-major Abdramane Amadou, ministre de la Jeunesse et porte-parole du régime du Niger.
"Cette avenue qui portait le nom du général Charles de Gaulle est désormais baptisé avenue Djibo Bakary", acte le colonel-major lors d'une cérémonie, comme le montre la vidéo ci-dessus. La place de la Francophonie, elle, est devenue la place de l'Alliance des États du Sahel. Depuis la succession de coups d'État, entre 2020 et 2023, ces trois pays gouvernés par des régimes militaires ont tourné le dos à l'organisation régionale pour donner naissance à l'AES.
(Re)voir Décryptage : est-ce le dernier sommet de la Cédéao à 15 ?
Débaptiser l'espace public est une nouvelle étape qui s'inscrit dans les politiques de rupture avec la France et, plus récemment, la Cedeao. Les régimes qui font de leur souveraineté un pilier de leur politique accusent fréquemment Paris de vouloir les déstabiliser.