Afrique

Affaire Pegasus : le roi du Maroc lui-même cible d'espionnage

Le Roi du Maroc Mohamed VI, ici lors de la Journée du trône le 30 juillet 2019 au palais royal de Tetouan, a été la victime du logiciel d'espionnage Pegasus selon des révélations de la cellule d'investigation de Radio France.
Le Roi du Maroc Mohamed VI, ici lors de la Journée du trône le 30 juillet 2019 au palais royal de Tetouan, a été la victime du logiciel d'espionnage Pegasus selon des révélations de la cellule d'investigation de Radio France.
© Palai royal du Maroc, via AP

Alors que plus de 6000 numéros appartenant à des journalistes ou des militants des droits humains ont été espionnés par le logiciel Pegasus pour le compte du gouvernement marocain, le roi du Maroc et son entourage "sont sur la liste des cibles potentielles" de ce même logiciel a révélé Radio France partenaire de Forbidden Stories, à l'origine de cette enquête.

Le roi du Maroc Mohammed VI et son entourage "sont sur la liste des cibles potentielles" du logiciel Pegasus utilisé à grande échelle pour espionner journalistes, militants ou personnalités politiques, selon la cellule investigation de Radio France, partenaire du consortium Forbidden Stories qui a révélé le scandale.

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"Le souverain lui-même fait partie des numéros sélectionnés comme cibles potentielles de Pegasus", dévoilent les journalistes faisant partie de cette cellule dans un article publié mardi sur le site de FranceInfo TV. 

"Avec nos partenaires du consortium créé par Forbidden Stories, dont fait partie la cellule investigation de Radio France, nous avons en effet pu établir qu'un des numéros de téléphone qui figurent dans le listing des services de renseignement marocains est bien celui de Mohammed VI. Et tout son entourage a subi le même sort", ajoute-t-elle.

"Parmi les numéros de portables que le consortium du projet Pegasus a pu identifier dans la liste des personnes susceptibles d'être attaquées par le logiciel espion Pegasus au Maroc" figurent notamment ceux "d'un grand nombre de membres de la famille royale", à commencer par celui de Salma Bennani, l'épouse du roi, mère des deux héritiers du trône, selon le texte. 

Aussi ciblé: "le prince Moulay Hicham, l'un des cousins du roi, qui figure en quatrième position dans l'ordre de ses successeurs", surnommé "le prince rouge en raison de ses prises de position critiques contre la monarchie".
En outre, "tout son entourage a été sélectionné comme cible de Pegasus": son épouse, leurs deux filles, son jeune frère, le prince Moulay Ismaïl et même l'exploitant d'une ferme qui lui appartient, énumère la cellule de Radio France.

L'homme d'affaires et ancien gendre de Hassan II, Fouad Filali, est également potentiellement visé: "ses trois numéros de portables (...) ont été entrés dans le système, ainsi que ceux de sa soeur, de sa fille (nièce du roi Mohammed VI), ainsi que de deux architectes français installés à Rabat qui travaillaient alors sur le chantier du palace Bozzi Corso, un hôtel de luxe situé à Lecce, dans les Pouilles, en Italie, dont Fouad Filali était le propriétaire", ajoute-t-elle.

"A encore été sélectionné (...) le numéro de Mohamed Mediouri, beau-père de Mohammed VI et ancien garde du corps personnel de Hassan II" déchargé de ses fonctions en mai 2000 par l'actuel souverain, en sus d'un "membre de la holding qui gère les fonds de la famille royale", selon la même source.

Enfin sont cités le "chambellan du roi, Sidi Mohammed Alaoui, (le) secrétaire particulier du monarque et trois autres membres de la famille de ce dernier", mais aussi le "chef de la gendarmerie royale du Maroc, le général Haramou, et (...) l'ancien chef des gardes du corps de Mohammed VI, Hassan Charrat, qui fut démis de ses fonctions en octobre 2018 par le tout-puissant chef de la police et du renseignement Abdellatif Hammouchi lui-même". 

Ces informations n'ont suscité aucun commentaire à Rabat à ce stade.

Le Maroc a catégoriquement démenti lundi avoir acquis le logiciel Pegasus et son utilisation par ses services à des fins d'espionnage, comme l'en accusent plusieurs médias internationaux.

(RE)lire : Cyberespionnage : le Maroc pointé du doigt dans l'affaire du logiciel israélien Pegasus

En France, le site d'information Mediapart a porté plainte à la suite de ces accusations, l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné a annoncé son intention de faire de même et la justice française a ouvert une enquête mardi.

L'enquête publiée dimanche 18 juillet  par un consortium de 17 médias internationaux se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France Forbidden Stories et Amnesty International, comptant, selon eux, 50.000 numéros de téléphone sélectionnés depuis 2016 pour une surveillance potentielle par les clients de l'entreprise israélienne NSO, qui commercialise Pegasus.

(RE)voir : Cybersurveillance : le logiciel Pegasus à nouveau mis en cause
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