Fil d'Ariane
Les grands partis d'Afrique du Sud lancent une dernière tournée de meetings avant les élections générales prévues mercredi 29 mai, qui promettent d'être les plus contestées depuis 30 ans. Le président sortant Cyril Ramaphosa affirme cependant "sentir déjà la douce odeur de la victoire".
Une série d'affiches électorales de différents partis politiques est exposée sur des poteaux à Pretoria, en Afrique du Sud, le 16 mai 2024.
Suivi par des centaines de partisans à Soweto, bastion historique du Congrès national africain (ANC) d'où il est originaire, Cyril Ramaphosa, 71 ans, s'est arrêté devant l'ancienne maison du premier président noir du pays Nelson Mandela.
"Président, ne vous inquiétez pas, l'ANC va gagner cette élection, que cela leur plaise ou non", a-t-il promis, répétant : "je peux sentir déjà le doux arôme de la victoire".
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Gangréné par la corruption et tenu pour responsable d'un chômage endémique, une croissance en berne et une criminalité record, le parti historique risque pourtant d'enregistrer un recul inédit. Et même dans le township emblématique de "la lutte" contre l'apartheid, la lassitude est palpable.
"C'est la dernière fois que je donne une chance au gouvernement de Ramaphosa parce qu'on n'a pas de travail, on n'a rien", prévient Boniswa Dludia, infirmière de 44 ans.
Portia Mohloane, 38 ans, au chômage depuis sept longues années, trouve aussi "qu'ils ont eu suffisamment de temps pour changer les choses, on est à bout". Mais elle votera quand même pour l'ANC, comme elle le fait depuis toujours.
En dépit d'un désamour croissant, l'ANC qui compte actuellement 230 sièges de députés sur 400 (57,5%) devrait rester le plus gros parti au Parlement. Mais il pourrait perdre pour la première fois sa majorité absolue, ce qui l'obligerait à forger des alliances pour se maintenir au pouvoir. Car c'est le Parlement fraîchement élu qui désignera le prochain président.
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Selon un dernier sondage du think tank sud-africain Social research foundation (SRF), l'ANC est passé en une semaine de 45,9% à 40,8% des intentions de vote sur la base d'une participation à 60%. "Il va y avoir des négociations" intenses après ces élections "pas comme les autres", prédit l'analyste politique Sandile Swana.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa à Pretoria, en Afrique du Sud, le 15 mai 2024. Aujourd'hui, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir est confronté au mécontentement croissant de nombreuses personnes qui estiment qu'il n'a pas tenu ses promesses.
L'Alliance démocratique (DA), premier parti d'opposition avec 25% des intentions de vote, se réunira en bleu dimanche près de Johannesburg. Dirigée par John Steenhuisen, 48 ans, le mouvement à la tête d'une coalition d'une dizaine de partis promet de "sauver" le pays et prône des réformes libérales, comme la privatisation de certaines entreprises publiques et l'assouplissement du droit du travail.
Les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) se réuniront en rouge samedi dans le Limpopo (nord-est). Le parti du provocateur Julius Malema pourrait ramasser 10% des voix.
Mais la campagne a été accaparée par l'ex-président Jacob Zuma, 82 ans, ancien pilier du parti historique et ennemi juré du flegmatique président Ramaphosa, créant la surprise en raflant entre 10 et 14% des intentions de vote dans les sondages.
Des partisans de l'ancien président sud-africain Jacob Zuma se tiennent devant la Haute Cour électorale à Johannesburg le lundi 8 avril 2024.
Tête de liste du parti populiste baptisé du nom de la branche armée de l'ANC du temps de la lutte contre l'apartheid, Umkhonto We Sizwe (MK), M. Zuma a été toutefois été déclaré inéligible à dix jours du scrutin, en raison d'une condamnation pour outrage en 2021.
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Sa photo apparaîtra toutefois sur les bulletins de vote, déjà imprimés, a précisé la Commission électorale (IEC). "Je vais me battre", a-t-il promis dans un entretien à la BBC cette semaine, dénonçant une décision judiciaire "injuste".
L'inéligibilité du charismatique "JZ" ne devrait pas entamer le vote en faveur du MK, persuadé que "les gens voteront massivement pour Jacob Zuma".
L'ex-président, poussé à la démission en 2018 après une série de scandales et encore jugé pour corruption, bénéficie d'un fervent soutien populaire, notamment dans sa province du Kwazulu-Natal (est).