Fil d'Ariane
S'agit-il d'une prise d'otages au fond d'une mine d'or ou d'un sit-in organisé sous terre ? Les deux thèses s'affrontent pour expliquer le fait que plusieurs centaines de mineurs sud-africains ne sont pas remontés à la surface après leur nuit de travail depuis lundi 23 octobre. L'affaire s'inscrit dans le cadre d'un conflit entre deux organisations syndicales rivales de mineurs au sein de la mine Gold One dans la banlieue de Johannesburg.
Photo d'illustration. Krugersdorp, en Afrique du Sud, 4 août 2022.
Une centaine de mineurs sud-africains, parmi les quelques 500 restés sous terre depuis lundi à la suite d'un conflit entre syndicats, sont remontés à la surface, a annoncé mercredi l'un des syndicats.
L'origine et les circonstances de cette affaire restent peu claires: la direction de la mine d'or Gold One et un des deux syndicats de mineurs impliqués, la NUM, affirment que les 500 mineurs étaient "retenus en otage", quand l'autre syndicat, l'AMCU, a démenti et évoqué un "sit-in" volontaire de protestation.
Cent-sept mineurs, parmi les quelques 500 qui n'étaient pas remontés lundi à la fin de leur travail de nuit dans cette mine située dans la banlieue de Johannesburg, "sont revenus à la surface", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Union nationale des mineurs (NUM), Livhuwani Mammburu.
La police a de son côté indiqué que les 107 mineurs qui "se sont frayés un chemin jusqu'à la surface" ont déclaré à leur sortie avoir été "retenus contre leur gré" sous terre. Selon la NUM, le plus grand syndicat de mineurs du pays, ils se sont enfuis après avoir échappé à "ceux qui les retenaient en otage".
Une porte-parole de la police, Brenda Muridili, a indiqué qu'une quinzaine de personnes retenaient les mineurs sous terre, sans dire s'ils appartenaient à un syndicat en particulier.
Un responsable régional de l'AMCU, Tladi Mokwena, a lui affirmé que les mineurs étaient volontairement remontés car ils n'avaient plus de nourriture sous terre, en accusant la direction d'y avoir interrompu le ravitaillement.
Le conflit entre la NUM et l'AMCU porte sur la représentation syndicale dans cette mine d'or où seule la première est jusqu'ici officiellement enregistrée.
L'AMCU affirme qu'une majorité écrasante de mineurs ont signé pour adhérer à son syndicat mais ne bénéficient pas encore de représentation officielle, et que cela a déclenché le mouvement social.
"Les travailleurs ne sortiront que lorsqu'ils auront obtenu leurs droits d'organisation", avait déclaré en début de semaine à l'AFP le secrétaire régional de l'AMCU, Tladi Mokwena.
La police avait indiqué de son côté être "en attente" et surveiller la situation de près pendant que des négociations semblaient se poursuivre.
Le principal parti d'opposition du pays, l'Alliance démocratique (DA), a lui aussi dénoncé une "prise d'otages en cours", et regretté que les forces de l'ordre "ne semblent pas s'(y) attaquer efficacement".
La NUM a été fondé en 1982 par le président Cyril Ramaphosa, un ancien syndicaliste.