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- Afrique du Sud: l'ANC reconnaît sa défaite à Port ...
"Nous acceptons que nous avons perdu", a déclaré vendredi Jackson Mthembu, le chef du Congrès national africain (ANC) au Parlement reconnaissant la défaite de son parti dans le grand port de l'océan Indien.
Selon les résultats transmis par la Commission électorale, après le dépouillement de 98% des bulletins dans la métropole de Port Elizabeth, l'Alliance Démocratique (DA) obtient 46,6% des voix contre 41% à l'ANC.
Cette victoire pourrait être suivie vendredi d'autres succès pour la DA, à Johannesburg et à Tshwane, la métropole qui englobe la capitale Pretoria.
Environ un tiers des bulletins doivent encore être dépouillés dans ces deux villes, mais la DA devance pour l'instant l'ANC de deux points à Tshwane et fait jeu égal avec le parti au pouvoir à Johannesburg.
Malgré sa victoire historique, la DA devra néanmoins former une coalition pour gouverner à Nelson Mandela Bay.
Un troisième parti, les Combattants pour la liberté économique (EFF) pourrait jouer le rôle de faiseur de roi grâce à son score de 5%.
Ce parti de gauche radicale créé en 2013 par le leader populiste Julius Malema, un exclu de l'ANC, participe à ses premières élections et devrait également être courtisé pour des alliances à Johannesburg et Tshwane où il dépasse pour l'heure les 10%.
Notre score "nous donne davantage de poids dans les négociations pour le pouvoir.
Nous ne sommes pas opposés à des coalitions, sauf avec le parti majoritaire", l'ANC, expliquait dès jeudi soir Mandisa Mashego, la leader de l'EFF dans la province de Johannesburg et Pretoria, sur la chaîne publique SABC.
Une alliance de circonstance avec les libéraux de la DA n'est donc pas à exclure pour mettre en minorité l'ANC dans les grandes villes disputées.
"L'EFF va pouvoir décider qui va gouverner dans certaines villes et je pense qu'ils vont travailler avec la DA", confirme l'analyste politique Somadoda Fikeni qui précise qu'une telle alliance ne reposerait sur aucune "idéologie politique commune" entre les deux partis.
Alors que 92% des bulletins ont été dépouillés sur l'ensemble du pays, l'ANC demeure tout de même le premier parti au niveau national avec 54,3% des voix mais recule de 7 points par rapport aux élections de 2011. Avec 26,3% des voix, la DA est en deuxième position en progression de deux points.
"C'est un déclin dramatique, dans des proportions jamais vues auparavant", note Somadoda Fikeni, interrogé par l'AFP.
L'ANC souffre notamment de la percée de l'EFF qui obtient près de 8% des suffrages au niveau national et qui grignote dans l'électorat déçu par les promesses non tenues du parti au pouvoir.
Ce recul dans les urnes risque de fragiliser un peu plus la position du président Jacob Zuma, dont le deuxième mandat entamé en mai 2014 est marqué par des scandales et par un contexte économique difficile.
Contraint par la justice à rembourser d'ici mi-septembre 500.000 dollars d'argent public utilisés pour rénover sa résidence privée, il risque aussi la réouverture prochaine de poursuites pour corruption dans une affaire de contrat d'armement.
Et il ne peut même pas s'appuyer sur la croissance - 0% prévu par la banque centrale cette année - pour tenir ses promesses de faire baisser un chômage record (26,7%) et de réduire les inégalités.
La question du soutien de l'ANC à son président devrait inévitablement se poser dans les prochaines semaines, à trois ans des élections générales de 2019 où un nouveau chef de l'Etat sera élu.
Le scrutin de mercredi, où 26 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, s'est déroulé sans incident majeur, selon la Commission électorale.
Le dépouillement et la compilation des résultats devrait s'achever dans la journée de vendredi.