Les dirigeants de l'ANC, parti historique au pouvoir en Afrique du Sud, annoncent qu'ils voteront contre une procédure de destitution du président Cyril Ramaphosa. Ils étaient réunis ce 5 décembre pour discuter du sort politique du président accusé de corruption.
Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC) apporte un soutien total au président Cyril Ramaphosa, dans la tourmente après un scandale. Le parti annonce que ses membres au Parlement voteront contre une procédure de destitution du chef de l'État.
Le Comité exécutif national (NEC) à la tête du parti "a décidé qu'il votera contre l'adoption du rapport" parlementaire qui accable le chef d'Etat et dont les conclusions ont ouvert à la voie à une procédure de destitution, a déclaré le secrétaire général du Congrès national africain (ANC), Paul Mashatile, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des hauts-responsables du parti à Johannesburg.
Le Parlement sud-africain doit se réunir le 6 décembre en session extraordinaire pour décider de lancer, ou non, une procédure de destitution sur la base du rapport. Il faut pour déclencher la procédure une majorité de 50%. Si elle était lancée, il faudrait alors une majorité des deux tiers pour parvenir à destituer le président. Malgré de fortes divisions, l'ANC détient une majorité confortable au Parlement.
Pourquoi le président est menacé de destitution ?
Cyril Ramaphosa est gêné depuis des mois par un scandale au parfum de corruption. Une plainte déposée en juin l'accuse d'avoir tenté de taire un cambriolage chez lui en février 2020, en ne le déclarant ni à la police, ni au fisc. Les malfaiteurs avaient alors emporté 580 000 dollars en liquide... camouflés sous les coussins d'un canapé.
Le chef de l'État clame son innocence, mais ses explications n'ont pas convaincu une commission parlementaire. Dans un rapport publié le 30 novembre, elle estime que le président "
a pu commettre" des actes contraires à la loi et la Constitution. Ce 5 décembre, Cyril Ramaphosa a toutefois saisi la Cour constitutionnelle pour faire annuler ce rapport parlementaire. Le chef d'Etat réclame, dans un document remis à la juridiction suprême, que le rapport remis mercredi au Parlement soit "
revu, déclaré illégal et ne soit pas pris en compte". Une enquête pénale est aussi en cours. À ce stade, le président n'est pas inculpé.
Un rapport jugé "bancal"
Au pouvoir depuis la chute de l'apartheid en 1994, l'ANC est actuellement présidée par Cyril Ramaphosa. Elle est plombée par la corruption et une guerre de factions.
Le porte-parole du président a annoncé le 3 décembre qu'outre la bataille politique pour se maintenir à son poste et même briguer un second mandat "
dans l'intérêt" de la démocratie, Cyril Ramaphosa va aussi se bagarrer dans les tribunaux et contester la validité du rapport parlementaire "
bancal".
Plusieurs experts en droit ont critiqué le rapport parlementaire qui s'appuie largement sur du "
ouï-dire", multipliant les suppositions et les questions rhétoriques. Cependant, le texte soulève aussi de vraies questions sur la version des faits avancée par le président. Selon lui, l'argent liquide volé chez lui provenait de la vente à un homme d'affaires soudanais de vingt buffles.
"
La pratique normale est de mettre l'argent en banque le jour ouvrable suivant", remarque le rapport. Aussi, pourquoi ces buffles achetés par un certain Mustafa Mohamed Ibrahim Hazim, se trouvent-ils toujours dans sa propriété baptisée Phala Phala (nord-est) près de trois ans après leur vente? "
Il existe de sérieux doutes quant à savoir si les devises étrangères volées proviennent bien de leur vente", conclut le rapport.