Voilà un an, en avril 2009, près de vingt ans après la fin de l'apartheid, plus de vingt-trois millions d'électeurs sud-africains élisaient leurs représentants et leur président. Ils avaient le choix entre 26 partis, une offre démocratique plutôt rare sur le continent africain, même si l'ANC (le Congrès national africain), le parti de Nelson Mandela, issu de la lutte contre l'apartheid continuera encore longtemps à dominer la scène politique sud-africaine. L'exercice de la démocratie n'est pas la seule exception sud africaine : ce pays est la première économie et la seule puissance nucléaire africaine.
Rarement un pays n'aura suscité autant de combats et de solidarité dans le monde, du côté des États comme des citoyens, pour l'aider à s'émanciper des lois raciales qui le gouvernaient. Lorsqu'en 1990, Nelson Mandela est libéré, un immense espoir traverse non seulement l'Afrique du Sud, mais aussi la planète entière : la nation arc-en-ciel, symbolisée par un drapeau aux six couleurs, ne pouvait que devenir le modèle des sociétés métissées à venir. Mais voilà que tous ceux qui se sont battus pour l'Afrique du Sud, ne la reconnaissent plus : corruption, violence, obscurantisme et maintenant récession ou xénophobies à l'envers l'accompagnent depuis plusieurs années. Jacob Zuma, le nouveau président sud-africain, issu de l'ANC et originaire de l'ethnie zouloue, est perçu comme un vrai populiste par nombre d'anciens combattants de la lutte antiapartheid, même s'il répète que l'Afrique du Sud appartient à tous, Noirs et Blancs, mélangés. Il aura en tout cas beaucoup à faire pour sortir ce pays, pourtant si riche en ressources, de la paupérisation galopante qui l'a envahi ces dernières années. Sylvie Braibant