Afrique du Sud : qui était Mangosuthu Buthelezi, chef du parti Inkatha ?

Le cercueil recouvert d'une peau de bête est entré dans le stade conduit par des guerriers en tenue traditionnelle. Des milliers de Zoulous se sont rassemblés ce samedi 16 septembre en Afrique du Sud pour les funérailles de Mangosuthu Buthelezi. L'homme politique était une figure de la lutte contre l’apartheid et le chef du parti Inkatha, grand rival de l'ANC de Nelson Mandela. Avec sa mort c'est une page de l'histoire de l'Afrique du Sud qui se tourne.

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Mangosuthu Buthelezi 1995

Mangosuthu Buthelezi, le 12 mars 1995 à Durban lors d'un rassemblement politqiue avec ses partisans.

AP Photo/Joao Silva
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Le fondateur du parti nationaliste Inkatha et membre de la famille royale est mort le week-end dernier à 95 ans, chez lui, dans la province du KwaZulu-Natal (sud-est). Á l'origine d'une guerre fratricide avec l'ANC de Nelson Mandela pendant la période trouble précédant la chute de l'apartheid, il incarnait pour certains le fier esprit zoulou, pour d'autres, il ressemblait dangereusement à un chef guerrier.

Samedi 16 septembre à Ulundi, un des berceaux de la tribu la plus importante d'un point de vue démographique du pays d'Afrique australe (11 millions), sa dépouille a été placée au centre du stade comble où ont débuté à la mi-journée des funérailles nationales.

Dans tout le pays, les drapeaux ont été mis en berne. Et depuis plusieurs jours déjà, des files se sont succédé autour de la maison du défunt pour des prières publiques. Certains étaient enveloppés dans des drapeaux de l'Inkatha, tandis que d'autres étaient munis de fanions à l'effigie du défunt.

Au départ membre du parti historique au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), Mangosuthu Buthelezi crée le parti Inkatha en 1975. Initialement envisagé comme une organisation culturelle zouloue, le mouvement qu'il dirige d'une main de fer pendant plus de quarante ans ne tarde toutefois pas à entrer dans une rivalité sanglante avec l'ANC.

Rival de l'ANC puis ministre de l'Interieur de Mandela

Le parti Inkatha mène au cours des années 1980-1990 des guerres territoriales avec les militants du parti de Mandela dans les townships à majorité noire. Les violences, décrites comme les plus marquantes dans le pays avant les premières élections multiraciales en 1994, font des milliers de morts.

Orateur charismatique en dépit d'un fort bégaiement, le chef zoulou questionne les stratégies anti-apartheid de l'ANC et considère que Nelson Mandela, alors en prison, affaiblit les positions noires.

Buthelezi est accusé d'avoir ainsi mis en danger le mouvement de libération contre le régime raciste de l'apartheid et d'avoir joué le jeu du pouvoir blanc, ce qu'il a toujours nié. Et malgré les controverses, il a mené une longue carrière politique, traversant l'apartheid et l'avènement de la démocratie.

Mandela ZoulouAP Photo/John Parkin

Le président Nelson Mandela et Mangosuthu Buthelezi scellent leur réconciliation politique le 9 mai au parlement.

AP Photo/John Parkin

Premier ministre du "bantoustan" zoulou - une des entités territoriales pseudo "indépendantes" assignées aux noirs sous l'apartheid -, il est élu député en 1994 et nommé ministre de l'Intérieur dans le gouvernement d'unité nationale de Mandela.

Pour certains, son héritage restera un sujet de débat dans le futur mais la fondation qui porte son nom a appelé à cesser de perpétuer de "vieux mensonges".