Les entreprises répondent-elles tout de même à des quotas ? Il y a des quotas. Par exemple, quand une société postule pour un contrat de travaux publics, il faut qu'elle ait un BEE, un
Black Economic Empowerment - c’est la législation (ce dispositif permet de noter une entreprise en fonction de l'intégration de Noirs dans l'entreprise, ndlr). Dans d’autres entreprises, il y a des quotas pour les Noirs. Mais ce n’est pas aussi légiféré que ça, c’est plus informel, c’est plus l’image de l'entreprise qui compte. Si vous êtes un grand journal, par exemple, et que vous n’avez pas de Noirs dans votre équipe de management, vous n’avez pas de crédibilité. Le pays reste fragile : en 2008, un élan xénophobe a fait des dizaines de morts, notamment à Johannesburg… A l'époque, les violences ont éclaté entre les communautés des townships, les quartiers pauvres - entre Zimbabwéens, Jamaïcains, Somaliens, autres Africains qui vivent parmi eux et sont souvent accusés de prendre leur travail. Ce n’était pas les Noirs contre les Blancs, mais un tout autre phénomène. Comme il y a énormément de pauvreté, les étrangers sont souvent pris pour cibles. L’esprit de la nation arc-en-ciel disparaîtra-t-il avec Mandela ? Quand Nelson Mandela mourra, rien ne se passera. Si un conflit entre Noirs et Blancs devait éclater, cela aurait eu lieu il y a 15 ou 20 ans. C’est plutôt le contraire que l'on observe. Aujourd’hui dans le
Mail and Guardian, un grand quotidien sud-africain, le rédacteur en chef écrit que la maladie de Mandela nous a tous réunis en nous renvoyant à ce passé de réconciliation. Mandela est le symbole de la réconciliation entre Noirs et Blancs. Sa maladie nous rapproche. Il n’y a pas de raison pour qu'il arrive quoi que ce soit maintenant. Il est déjà parti depuis 10 ans. Il n’avait plus de rôle à jouer, il ne s’exprimait plus. Il était à la retraite. Sa mort ne changera rien. C’est au contraire à travers toutes les histoires que l'on évoque en ce moment, à travers tous les hommages, que ressort notre passé, et que nous revivons tout ce qui s'est passé depuis sa libération.