Fil d'Ariane
Le 30 septembre 2022, la CAF, la Confédération africaine de football, retire à la Guinée l’organisation de la CAN, la Coupe d’Afrique des nations de football. En cause : les nombreux retards dans l’avancée des travaux concernant les infrastructures et les équipements nécessaires à l’organisation de cette compétition. Dans la foulée, la CAF annonce qu’elle rouvre un appel à candidatures pour les pays hôtes.
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Une situation qui rappelle celle de la Libye en 2013, remplacée par l’Afrique du Sud, pour cause de guerre civile. En 2015, en raison de l’épidémie d’Ebola, la Guinée Equatoriale se substitue au Maroc au pied levé. Quatre ans plus tard, le Cameroun bénéficie d’un report de deux ans afin d’achever les travaux nécessaires à l’organisation de la compétition. Concernant cette édition 2025, six pays ont déposé un dossier officiel au siège de la CAF, au Caire, en Egypte. Parmi eux : la Zambie, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Algérie et le duo Nigeria-Bénin.
Du 13 janvier au 04 février dernier, l’Algérie accueillait la phase finale du CHAN, le Championnat d’Afrique des Nations. Nombre d’observateurs s’accordent aujourd’hui pour louer la qualité du tournoi et l’organisation réussie par les autorités algériennes. La dernière grande compétition de football organisée dans le pays remonte à l’édition 1990 de la CAN, la Coupe d’Afrique des Nations. A l’époque, la compétition regroupe huit pays divisés en deux poules de quatre. Pour cette 7ème édition du CHAN, 18 sélections étaient attendues. Et pour la CAN 2025, pour laquelle l’Algérie est officiellement candidate, ce sont 24 pays qui participeront à la compétition. Parmi les 4 stades ayant accueilli le CHAN, deux sont nouveaux : le stade Nelson Mandela de Baraki, à Alger, et le stade Miloud Hadefi d’Oran, tous deux d’une capacité de 40 000 places.
Ces deux nouveaux stades, la bonne logistique mise en œuvre tout au long de la compétition, le bel accueil des équipes et des supporters, la présence de spectateurs dans les gradins, constituent sans aucun doute des atouts pour la candidature algérienne. Une ombre au tableau, mais de taille : le conflit qui a opposé l’Algérie et le Maroc avant le CHAN. Depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, en août 2021, l’espace aérien algérien est fermé aux appareils marocains. Les autorités algériennes n’ont pas fait d’exception pour l’avion devait transporter la sélection marocaine, double tenante du titre. La Fédération royale marocaine de football a donc fait le choix de ne pas envoyer sa sélection en Algérie.
Le forfait du Maroc lors de la dernière édition du CHAN en Algérie, suite au refus des autorités locales de faire une exception pour l’avion qui devait acheminer la sélection marocaine en Algérie, crée de facto un face à face tendu entre les deux nations candidates pour l’organisation de la CAN 2025. L’histoire pourrait d’ailleurs se répéter au printemps prochain, puisque l’Algérie organise la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations des moins de 17 ans, du 29 avril au 19 mai. En principe, le Maroc, qui figure parmi les 12 pays qualifiés, doit y affronter le Nigeria, la Zambie et l’Afrique du Sud.
Mais face au rival algérien, le Maroc, qui a accueilli la CAN en 1988, dispose de solides atouts pour rafler la mise. Le pays, qui accueille la Coupe du monde des clubs de la FIFA 2022 jusqu’au 11 février prochain, est en effet doté d’infrastructures lui permettant d’organiser la CAN 2025 dans les meilleures conditions possibles. En plus des stades de Tanger et Rabat, où se déroulent actuellement les matchs de la Coupe du monde des clubs, le Maroc dispose de stades modernes à Casablanca, Agadir, Marrakech ou encore Fès. Les stades d’Agadir et Marrakech par exemple, ont chacun une capacité de 45 000 places. En plus de ses infrastructures, le Maroc déploie depuis plusieurs mois une intense diplomatie sportive sur le continent. Le roi Mohammed VI s’est personnellement investi dans la candidature marocaine.
Championne d’Afrique lors de la 28ème édition de la CAN organisée conjointement par le Gabon et la Guinée Equatoriale, la Zambie envisage désormais d’organiser la compétition. La nécessité d’une répartition « équitable » géographiquement et dans le temps de la plus prestigieuse compétition de football en Afrique, constitue l’un des atouts de la candidature zambienne. Après l’Egypte en Afrique du Nord, le Cameroun en Afrique centrale et la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest cette année, la fête du football pourrait être célébrée dans une autre région du continent. L’Afrique australe n’a en effet pas accueilli de CAN depuis l’édition 2013 organisée par l’Afrique du Sud.
La Zambie ne dispose cependant que de deux stades homologués par la CAF. Il y a le « National Heroes Stadium » de Lusaka, la capitale, d’une capacité de 60 000 places, et le « Stade Levy Mwanawasa » d’une capacité de 49 800 places, situé à Ndola, dans le centre-ouest du pays. Les autorités zambiennes se sont engagées à construire un stade de 20 000 places à Livingstone, dans le sud du pays. Quatre autres enceintes déjà existantes devraient être améliorées pour atteindre une capacité de 15 à 20 000 places.
A l’instar de la Zambie, l’Afrique du Sud pourrait profiter de la nécessité de faire tourner la compétition dans les différentes régions du continent pour damer le pion à ses concurrents pour l’édition 2025. Forte de son expérience pour l’organisation du mondial de rugby en 1995, et de celui de cricket en 2003, l’Afrique du Sud se voit attribuer l’organisation de la Coupe du monde de football 2010. Une première pour le continent. Et pour l’organisation de cet événement d’envergure planétaire, l’Afrique du Sud procède à l’agrandissement des aéroports des grandes villes, à la construction de stades ou encore d’infrastructures pour le transport urbain. Dans la foulée, le pays accueille l’édition 2013 de la Coupe d’Afrique des Nations remportée par le Nigeria.
Depuis la Coupe du monde 2010, l’Afrique du Sud dispose d’une dizaine de stades qui répondent aux standards internationaux. A Johannesburg par exemple, il y a l’« Ellis Park Stadium » (62 567 places) et le « Soccer City » (94 700 places). L’on peut aussi citer le « Green Point » au Cap (66 005 places), le « Moses Mabhida Stadium » à Durban (69 957 places) ou encore le « Loftus Versfeld Stadium » à Pretoria (49 365 places). Si à tout ceci, l’on ajoute le réseau de transport, les grandes capacités logistiques du pays et sa tradition touristique, l’Afrique du Sud apparaît en effet comme un candidat très sérieux.
L’organisation en Côte d’Ivoire de l’édition 2023 de la Coupe d’Afrique des Nations, pourrait priver le duo Nigeria-Bénin de l’organisation de cette compétition. Si l’on s’en tient en effet à la nécessité de faire tourner cet événement, difficile d’imaginer que l’Afrique de l’Ouest puisse l’accueillir deux fois de suite. Autre écueil important pour le Nigeria et le Bénin, la situation sécuritaire qui reste très préoccupante au sein de la fédération nigériane où le terrorisme de Boko Haram continue de faire des victimes. Colonisés par la Grande-Bretagne pour le Nigeria et la France pour le Bénin, ces deux pays frontaliers partagent néanmoins les mêmes cultures. Si le Bénin ne dispose à ce jour que d’un seul stade homologué par la CAF, son grand voisin dispose quant à lui de nombreuses infrastructures répondant aux normes internationales.
A ce jour, le Nigeria dispose de 7 stades homologués par la CAF. Parmi eux, l’on peut citer : le « Abuja National Stadium », à Abuja, la capitale (60 491 places), le « Adokiye Amiesimaka International Stadium » de Port Harcourt (38 000 places), dans le sud du pays, ou encore le « Teslim Balogun Stadium » de Lagos (24325 places), dans le sud-ouest du pays. Depuis l’édition 2005 de la CAN U20 organisée à Cotonou, la capitale économique béninoise, le pays n’a plus accueilli de tournoi d’envergure continentale. Quant au Nigeria, il a coorganisé la CAN 2000 avec le Ghana, remportée après la séance de tirs aux buts par le Cameroun, aux dépens des Nigérians.