Fil d'Ariane
Nelson Mandela peut attendre. En Afrique du Sud, le Top Six, les six plus hauts responsables de l'ANC ont renoncé vendredi à tous leurs engagements publics prévus pour célebrer ce week-end le centenaire de sa naissance. Une décision qui annonce encore un week-end de négociations intenses : le parti au pouvoir depuis la fin de l'apartheid cherche toujours à se débarrasser du président Zuma.
De celui ci, on n'a vu ces derniers jours que des apparitions fugaces, il a même renoncé à son discours annuel sur l'état de la nation devant l'Assemblée. Mais il s'accroche, négociant son immunité alors que la justice le soupconne de plusieurs cas de corruption.
"Quand on nous a dit que le discours annuel du président sur l'état de la nation avait été reporté, je pense qu'on s'attendait tous à ce qu'au bout de 48 heures, on aurait l'annonce d'un nouveau Président et le départ de M. Zuma. Mais au lieu de ça, nous approchons la fin de la semaine sans aucune information supplémentaire quant à ce qui se passe, quant à l'échéance... Je pense que cela nous met dans une position où les investisseurs internationaux, les Sud-africains et le Parlement doivent poser la question. Qu'est-ce qui se passe et combien de temps devrait durer ce processus ?"
John Steenhuisen, chef du groupe parlementaire de l'Alliance démocratique (opposition)
Mais l'ANC a choisi de regler le problème en interne. A la manoeuvre, Cyril Ramaphosa, compagnon de lutte et nouveau président du parti, et aussi favori pour succèder à Zuma. Mercredi, il a annoncé lui même discuter d'une "transition". Mais la question de l'immunité le place dans une situation inconfortable. Il s'est fait élire sur un programme de lutte contre la corruption devenue un fléau en Afrique du Sud et associée au gouvernement de l'ANC. Le parti historique de la lutte de libération a bien saisi le danger : il est menacé de perdre les élections générales de 2019, et, pour contrer cela, veut tourner au plus vite la page Zuma.
Si M. Zuma démissionne, il sera remplacé par M. Ramaphosa, pour une période d'interim de 30 jour maximum, le temps pour le Parlement d'élire un nouveau chef de l'Etat. Sauf coup de théâtre, M. Ramaphosa est assuré d'être élu.