Actuellement correspondant au Niger pour RFI, Moussa Kaka a été emprisonné pendant un an de septembre 2007 à octobre 2008. La autorités du pays lui reprochaient ses contacts avec la rébellion touareg du pays. TV5MONDE : Comment travaillez-vous au quotidien au Niger ? Vous même avez été en prison pendant un an entre 2007 et 2008 ? Moussa Kaka : Aujourd’hui, la liberté de la presse au Niger est vraiment totale. Les journalistes écrivent et commentent ce qu’ils veulent. Avant, la liberté de la presse était terrible au Niger. Beaucoup de gens ont été emprisonnés, séquestrés. Dans mon travail quotidien de journaliste, j’ai toute latitude de faire ce que je veux dans le cadre du respect de la déontologie du métier. Comment ce changement est-il intervenu ? En 2007, c’était une vraie dictature sur la liberté de la presse. Le régime du président
Mamadou Tandja a opprimé la presse nigérienne dans son ensemble. Aujourd’hui, la réalité est tout autre. La liberté de presse au Niger était un problème de choix politique. Les dirigeants actuels ont choisi de dépénaliser les délits de presse. C’est l’un des rares pays africains à l’avoir fait. Et ça marche très bien. Les autorités notamment le président de la République (
Mahamadou Issoufou, ndlr) en premier lieu, a juré de ne jamais mettre un journaliste en prison ou de porter plainte contre lui. Il a également signé la «
Déclaration de Montagne de la Table » donne toute la crédibilité à la liberté de la presse. Ce texte atteste que le président ne poursuivra pas un journaliste. Et pourtant la presse nigérienne n’est pas tendre avec lui. Elle tire à boulets rouges sur le régime et le président. Avant ce grand changement de politique à l’égard des médias, les journalistes devaient-ils faire face à des problèmes de corruption ? Étant donné que certains médias ne sont pas bien rémunérés et que les journalistes ne sont pas bien payés, ils se prêtent alors au jeu. La corruption sévit entre la presse et les politiques. Ils s’arrangent entre eux pour financer ou insulter X ou Y ou bien faire passer des commandes. C’était une réalité au Niger qu’il faut déplorer. Et ça existe encore dans la presse écrite notamment. Les journalistes ont-ils aujourd’hui plus de moyens pour travailler ? Les journalistes ont un peu plus les moyens de travailler. Le régime est ponctuel à donner des subventions aux médias nigériens. Le conseil supérieur de la communication veille au grain, les partenaires au développement de la coopération française notamment, investissent beaucoup dans le développement, le renforcement des capacités journalistiques. Existe-t-il aujourd’hui davantage de formation pour les journalistes dans le pays ? Depuis les années 80, il y a une seule école de journaliste au Niger qui est toujours là. Elle forme beaucoup de journalistes nigériens et africains, notamment des Tchadiens. Aujourd’hui, ils se créent aussi beaucoup plus facilement de médias. Dans la région ouest africaine, le Niger est l’un des pays qui a le plus de médias audiovisuels. Notamment la capitale Niamey bat le record, je crois, de télévisions privées en Afrique de l’ouest.