Les droits des homosexuels progressent-ils sur le continent africain ? En 2023, 27 pays répriment et condamnent l'homosexualité. Quatre pays condamnent encore à la peine de mort des homosexuels pour des relations sexuelles entre personnes du même sexe. 40 pays sur le continent n'offrent pas de protection juridique pour les personnes LGBT. Les avancées contre les persécutions se font rares et restent fragiles. État des lieux.
Les avancées pour les droits des homosexuels restent fragiles.
Ainsi, la plus haute juridiction du
Botswana le 11 juin 2019 avait ordonné la dépénalisation de l'homosexualité jugeant les lois répressives comme une
"survivance de l'Empire britannique". Elles dataient de 1965.
C'était un plaignant anonyme qui a contesté, devant la Haute Cour du pays, deux articles du Code pénal incriminant l’homosexualité. Ces articles interdisaient les relations intimes entre personnes de même sexe. Des dispositions prévoyaient que l’homosexualité était passible d’une peine pouvant aller jusqu’à sept ans d’emprisonnement. Le gouvernement botswanais n'a toujours pas digéré cet arrêt de la Haute Cour. Il a déposé le 12 octobre 2021 un recours. Il plaide pour rendre à nouveau illégale l'homosexualité.
Dans d'autres pays où l'homosexualité n'est plus illégale, les personnes LGBT doivent se battre pour faire reconnaître juridiquement les discriminations dont ils sont victimes.
En
Côte d'Ivoire, le 28 octobre 2021, le gouvernement du Premier ministre Patrick Achi dépose un projet de loi contre les discriminations notamment contre les femmes et les homosexuels. Le texte est amendé par les députés. Les homosexuels sont exclus du projet de loi.
Dépénalisations de l'homosexualité en Angola et au Mozambique
Le continent africain semble divisé. Des pays ont récemment dépénalisé l'homosexualité. Ils se trouvent majoritairement en Afrique australe.
En janvier 2019, c’est
l’Angola qui a dépénalisé l’homosexualité. L'ancienne colonie portugaise a changé le code pénal. Celui-ci datait de 1886. Il évoquait des
"vices contre-nature".
Le 17 mai 2016, l’Assemblée nationale des
Seychelles adoptait elle aussi un amendement au Code pénal, mettant fin à la pénalisation de l’homosexualité.
Au
Mozambique, en 2015, l'adoption d’un nouveau code pénal a également dépénalisé l’homosexualité.
En Afrique centrale, la majorité des pays ne considèrent pas l'homosexualité comme illégale. C'est le cas notamment de la
République démocratique du Congo premier pays francophone d'Afrique avec ses 80 millions d'habitants.
Un article de loi en RDC inquiète cependant les ONG de défense des personnes LGBT, l'article 172 du code pénal. Toute personne se livrant à des actes sexuels
"contre-nature" peut-être condamnée à trois ans de prison. Ce flou juridique inquiète les défenseurs des droits des homosexuels.
L'
Ouganda dispose d'une une stricte législation anti-homosexualité - un héritage des lois coloniales britanniques - mais depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1962 il n'y a eu aucune poursuite pour des actes homosexuels consentis.
En 2014, la justice ougandaise avait bloqué un projet de loi approuvé par les députés et signé par le président Museveni punissant les relations homosexuelles de la prison à vie.
L'homosexualité cependant y est illgale. Le 22 mars 2023, le Parlement vient de voter une loi qui prévois des peines de prison pour les personnes entretenant des relations homosexuelles. En séance, les députés ont amendé le texte qui prévoyait des peines allant jusqu'à 10 ans de prison pour toute pesonne se livrant à des actes homosexuels ou se revendiquant comme LGBT+.
Le président Museveni avait qualifié les homosexuel de
"déviants".
Dans 14 États du nord du Nigeria, lapidation pour les homosexuels
En Afrique de l'Ouest, au Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, les relations sexuelles entre deux personnes du même sexe sont condamnées par 14 ans de prison. Le pays a une structure fédérale. Dans les 14 États du nord du pays qui pratiquent la charia les personnes coupables de relations homosexuelles sont condamnées à la lapidation.
Dans le reste de l'Afrique de l'Ouest, les législations changent d'un pays à l'autre. L'homosexualité n'est pas illégale en Guinée-Bissau mais elle l'est en Guinée. La législation dans cette partie du continent est de plus en plus répressive.
Nouvelle proposition de loi anti-LGBT au Ghana
Au
Ghana, pays très religieux à majorité chrétienne, les relations entre personnes de même sexe sont interdites mais personne n'a jamais été poursuivi sous la loi datant de l'ère coloniale.
Une nouvelle loi est débattue au Parlement le 26 octobre 2021. Cette loi, soumise par des députés de l'opposition, prévoit notamment de criminaliser la défense des droits des personnes LGBT. Elle institue une obligation de dénoncer
"des suspects", la promotion des thérapies de conversion ou encore l’imposition de peines de prison plus lourdes pour condamner l'homosexualité.
Environ 90% des Ghanéens affirment être en faveur d’une loi criminalisant les relations entre personnes de même sexe, selon un sondage du groupe de recherche Afrobarometer en 2014.
Hormis Djibouti, l'homosexualité est illégale dans tous les pays d'Afrique de l'Est
Dans tous les pays d'Afrique de l'Est, hormis Djibouti, l'homosexualité est illégale. Au
Soudan, dès le premier rapport incriminé les hommes sont condamnés à mort. Pour les femmes, pour les trois premiers rapports, elles sont condamnées à 100 coups de fouet. En cas de quatrième rapport elles sont condamnées à mort.
En
Somalie, toute personne se livrant à des
"activités homosexuelles" est condamnée à mort. Un autre pays sur le continent pratique la peine de mort. Il s'agit de la
Mauritanie.
Au
Kenya, l'homosexualité est un crime passible de 14 ans de prison. La plus haute juridiction du pays a confirmé cette loi en juin 2019 malgré la mobilisation des ONG de défense des personnes LGBT.
L'homosexualité sanctionnée par de la prison dans les pays du Maghreb
L'homosexualité est illégale dans tous les pays d'Afrique du Nord, du
Maroc à
l'Égypte. Les relations homosexuelles sont punis par des peines de prison allant de six mois à trois ans de prison au Maroc. En
Algérie, les peines vont de deux mois à deux ans.
En
Égypte, les relations homosexuelles sont couvertes par la législation qui gouverne la moralité publique. Au XXIème, cette législation a été le sujet d'une interprétation plus stricte, ce qui a placé la vie des homosexuels sous la menace continuelle de persécutions et d'emprisonnement.