Sous le leadership idéologique du chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, tué ce 2 août 2022 à Kaboul en Afghanistan par les États-Unis, la marque Al-Qaïda s'est progressivement imposée au sein de la galaxie des groupes djihadistes sur le continent africain.
De l'Algérie, en passant par le Mali ou le Niger, à la Somalie, les groupes djihadistes sont nombreux à revendiquer une appartenance à Al-Qaïda, groupe djihadiste basé essentiellement dans les montagnes d'Afghanistan et du Pakistan. Al-Qaïda est aujourd'hui la première force terroriste devant son grand rival, l'État Islamique.
Le GSIM, Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, au Sahel
Le GSIM est aujourd'hui la nébuleuse djihadiste la plus puissante au Sahel (JNIM en arabe). Elle a prété allégeance à
Al-Qaïda. En 2017, plusieurs groupes se sont en effet unis sous la même bannière. On trouve
Ansar Dine, crée en 2012 par Iyad Ag Ghaly, la
katiba Macina, créée par Amadou Koufa en 2015 et
Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique, dirigé par l'Algérien Droukdal jusqu'à sa mort en juin 2020 au Mali sous le feu de l'armée française.
Selon les forces françaises au Sahel, le GSIM regroupe plus de 2000 à 3000 hommes armés, une force supérieure à l'autre grande organisation djihadiste dans la région, l'
État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). La force du GSIM est de regrouper plusieurs composantes du djihadisme dans la région, touareg, algérienne et peule.
Lire : qui sont les chefs du GSIM, cette coalition djihadiste qui met à mal l'armée malienne ? De nombreux chefs algériens de
Al-Qaïda au Maghreb islamique comme Droukdal ou Abou Oubaïda Youssef al-Annab viennent ainsi du GIA, le Groupe islamique armé, principale organisation terroriste durant la décennie noire en Algérie (1992-2003).
Le GSIM est aujourd'hui dirigé par Iyad Ag Ghaly, chef djihadiste touareg. L'homme est à la tête d'une rébellion touareg dans les années 1990. Il se retire ensuite pour faire des affaires avant de revenir sur le devant de la scène en 2012.
C'est à cette époque que ce personnage charismatique crée le groupe djihadiste, Ansar Dine. L'organisation collabore d'abord avec le mouvement rebelle indépendantiste touareg, le MNLA. Ansar Dine contrôle rapidement de larges pans du nord du Mali et supplante progressivement Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Lire : avec la fin de Barkhane, le chef djihadiste malien Iyad Ag Ghali croit en sa victoireEn position de force, Iyad Ag Ghaly crée le GSIM en 2017. L'organisation fait allégéance à Al-Qaïda et à Ayman al-Zawahiri tout en étant autonome dans ses opérations.
Une autre grande figure du djihadisme sahélien, Amadou Koufa rejoint le GSIM. Le chef peul a fondé en 2015 la
katiba Macina. Au sein du GSIM, le prédicateur peul Amadou Koufa est certes subordonné à Ag Ghaly, mais il ne cesse de prendre de l'importance.
Voir : la DGSE montre une vidéo d'une réunion des principaux chefs de Al-Qaïda au Sahel
Capitalisant sur les anciens antagonismes liés à la terre entre éleveurs et agriculteurs, entre ethnies et au sein même de ces communautés, Koufa a embrigadé à tour de bras dans le centre du Mali ces dernières années. L'homme se présente comme un protecteur du peuple peul.
Koufa avait été donné pour mort fin 2018 par Paris et Bamako après une opération militaire française, avant qu'Aqmi ne démente sa mort et qu'il réapparaisse dans une vidéo quelques mois plus tard.
L'attaque contre le camp de Kati, au coeur de l'appareil militaire malien, a été revendiquée par les djihadistes de la Katiba Macina, affiliée à Al-Qaïda.
Le but du GSIM et de Iyad Ag Ghaly son chef selon la DGSE, les services secrets français est de déborder le Sahel et de s'implanter dans le nord des pays du golfe de Guinée.
Lire : 11-septembre : "En Afrique, il y a eu un sentiment de sympathie à l’égard de Ben Laden"Les Shebab, premier groupe djihadiste d’Afrique
La Somalie a vu l’apparition depuis la seconde moitié des années 2000 d’un groupe de combattants djihadistes, les Shebab, les « jeunes » en arabe. Leur nom complet est Harakat al-Shabab al-Mujahedin. Le mouvement djihadiste a vu le jour en 2006. Le groupe prospère dans un contexte de guerre civile en Somalie entre le pouvoir central et des milices islamistes.
Ce mouvement des jeunes combattants est rapidement devenu le premier groupe djihadiste d’Afrique avec près de 10 000 hommes en armes en 2010 selon l'ONU.
Ils font allégéance à Al-Qaïda en 2010. Ils sont présents dans les principales villes de Somalie à la fin des années 2000. Les Shebab contrôlent le sud de la Somalie de 2007 à 2012
. Il sont chassé des principales villes du pays, dont la capitale Mogadiscio en 2011. Ils perdent Brava, un port important, dans le sud du pays en 2014.
Lire : qui sont les Shebab ?
Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales, lançant régulièrement des attaques contre des bases de l'Amisom (forces de l'ONU en Somalie) et des cibles civiles à Mogadiscio. Ils ont provoqué des milliers de morts. Ces dernières années les Shebab s'en sont pris également au Kenya, pays voisin.
Le 3 janvier dernier, une attaque par des rebelles shebabs dans le comté de Lamu, une région de l'est du Kenya bordant la Somalie, a coûté la vie à six personnes.
Depuis son intervention militaire dans le sud de la Somalie en 2011 pour lutter contre les Shebab, le Kenya a été la cible de plusieurs attentats meurtriers, notamment ceux du centre commercial Westgate à Nairobi (septembre 2013 - 67 morts) et de l'université de Garissa (avril 2015 - 148 morts).
Une partie des militants armés se sont réfugiés au Mozambique où ils ont fait allégance au groupe État islamique.
Lire : Daech est-il en voie d'expansion en Afrique ?
Ansar al-Charia en Tunisie et en Libye
Ansar al-Charia, "Partisans de la charia", était un groupe djihadiste et salafiste partiulièrement actif en Tunisie de 2011 à 2015. Il comptera plusieurs milliers de partisans en 2013. La Tunisie, jeune démocratie, est un des pays qui envoient le plus de djihadistes en Syrie au côté de l'État Islamique mais aussi au coté du groupe djihadiste Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda entre 2013 et 2016.
Le 27 août 2013, le chef du gouvernement Ali Larayedh, gouvernement d'Ennahdha, annonce le classement du mouvement salafiste en tant qu'organisation terroriste. Il est jugé responsable de l'assassinat des deux députés Chokri Belaïd et Mohamed Brahimi et de l'attaque de plusieurs postes de police.
Une partie de ses membres rejoignent le mouvement Ansar al-charia en Libye. Selon le ministère de l'intérieur tunisien le mouvement n'a pas entièrement disparu.
Ces membres ont fondé une organisation nommé katiba Okba Ibn Nafaâ.
Le groupe djihadiste libyen Ansar-al Charia était lui particulièrement bien implanté à Benghazi, deuxième ville de Libye à 1.000 km à l'est de Tripoli.
Une brigade des partisans de la charia ("Katibat Ansar al-Charia") voit le jour après la chute du régime de Kadhafi. Cette brigade s'était fait remarquer lors de la bataille de Syrte en août et septembre 2011. Mais la brigade, qui a prêté allégance à Al-Qaïda, ne parvient pas à mettre en place un régime islamiste après la mort de Kadhafi.
Lire : Libye : "Il n’est pas impossible que le pays en tant qu’entité politique ne puisse pas survivre"
Le mouvement est ensuite accusé par Washington d'être impliqué dans l'attentat à Benghazi qui avait coûté la vie le 11 septembre 2012 à l'ambassadeur américain, Chris Stevens, ainsi qu'à trois autres ressortissants américains. Dans les années 2013-2014, le mouvement est concurencé par le groupe État islamique. Il est également combattu par les troupes du maréchal Haftar. La brigade, faute de combattants, est dissoute en 2017.