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©TV5MONDE / Commentaire : K.G. Barzegar - Montage : V. Perez
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A Agadez, le trafic des passeurs continue, en sens inverse... de la Libye vers le Niger

Le Niger, sous la pression de l'Union européenne, a pris des mesures pour réduire les flux migratoires sur son territoire et arrêter les passeurs. Mais dans la région d'Agadez, le trafic se poursuit... désormais dans les deux sens. De nombreux candidats à l'exil rebroussent chemin et rentrent de Libye, toujours via les passeurs... 
Au coeur du désert entre le Niger et la Libye, un convoi de véhicules bondés.
Ils arrivent de la frontière libyenne, direction la ville d'Agadez... Un convoi sécurisé par des hommes armés, des passeurs. A bord des camionettes, des dizaines de passagers épuisés. Des travailleurs nigériens qui fuient la violence en Libye, mais aussi des migrants: des candidats déçus à l'exil...

Ils racontent leurs calvaire en Libye, les échanges avec les passeurs, l'argent dépensé et perdu, les déceptions, l'échec pour traverser la Méditerranée pour rejoindre les rives de l'Europe. "On nous a pris pour nous enfermer. On a payé, mais on n'a pas eu le réseau pour partir", explique un migrant sénégalais, avant de confier : "Maintenant e veux rentrer chez moi. C'est ça, mon espoir"

Pour cela, pas d'autre choix que de recourir aux passeurs, comme Mohamed.
C'est lui qui a organisé ce convoi, aller - retour.  Un trafic illégal... qu'il assume, sans rougir. Le transport de migrants reste lucratif, surtout qu'il se fait désormais dans les deux sens.
 
Je suis passeur. Même maintenant je suis passeur . Parce que j'entends en ville qu'on nous donne quelque chose pour qu'on laisse ce travail. On ne nous a rien donné. Le travail là, on ne connaît rien à part ça.Mohamed Tchiba, passeur

Répression des passeurs

Pendant des années, la ville antique d'Agadez était un arrêt clé pour les Africains de l'ouest voyageant vers le nord - la plupart du temps les jeunes hommes, fuyant la pauvreté chez eux. 

ll y a deux ans, le gouvernement nigérien a promulgué une loi pour arrêter la traite d'êtres humains. Ceux qui transportaient les voyageurs gagnaient des centaines de dollars pour chaque personne qu'ils entassaient à l'arrière d'un camion.
Sous la pression de l'Union européenne, le Niger a commencé à arrêter les trafiquants et posté des soldats à travers le désert en 2016.

De son côté, l'Union européenne a financé des projets de reconversion pour des passeurs repentis. Le nombre de migrants qui traversent la frontière chaque semaine a chuté, passant de 7000 à 1000 personnes. 

Agadez, plaque tournante de la migration

Avec la baisse de la migration, environ 6 000 personnes directement employées dans l'économie mise en place pour les migrants sont désormais sans emploi à Agadez, tandis que d'innombrables autres - commerçants, vendeurs de téléphones, mécaniciens - ont vu leurs revenus diminuer.

Mais Agadez reste une plaque tournante du trafic migratoire, avec ses "ghettos". Ici c'est le nom qu'on donne à ces maisons où s'entassent les migrants: des hommes et des femmes dépouillés de leurs biens, abandonnés par des passeurs, parfois en plein désert...

Dans les ghettos d'Agadez, plus personne n'a d'illusions, ni sur l'eldorado européen, ni sur les dirigeants africains. Pour Drogba, migrant ivoirien, la solution au problème migratoire, "c'est juste d'arrêter de donner de l'argent aux chefs d'Etat et de venir créer des debouchés afin de retenir les jeunes" dans leurs pays, avec des emplois et une sécurité économique.
 
Il y a des réunions entre les dirigeants ouest-africains et les dirigeants de l'Union européenne pour leur donner de l'argent pour que les migrants ne passent pas. Nous, on dit que c'est un crime. C'est leurs interêts qu'ils servent, ce n'est pas l'interêt du continent.Mohamed, migrant guinéen 
Le Niger est l'un des nombreux pays d'Afrique de l'Ouest où l'Union européenne a conclu ou cherche des solutions pour réduire la migration, offrir une aide au développement en échange de frontières plus strictes et menacer les activités commerciales en cas de non-coopération. Mais les critiques disent que les passeurs ont peu de chances de se contenter de maigres profits et vont probablement s'adonner à d'autres activités criminelles.