Algérie : 4 ans de prison ferme requis lors du procès en appel du journaliste Khaled Drareni

Le procès en appel de Khaled Drareni se tient ce 8 septembre à Alger. Le journaliste algérien et ses avocats comptent sur une libération à l'issue du procès en appel. Le procureur a requis 4 ans de prison ferme contre le correspondant de TV5MONDE et Reporters Sans Frontières en Algérie. Le 10 août dernier, Khaled Drareni a été condamné à trois ans de prison ferme pour ses reportages durant les manifestations du Hirak, le mouvement populaire d'opposition au pouvoir algérien.
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©TV5MONDE / Capture d'écran
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Le mardi 8 septembre, la justice algérienne tiendra le procès en appel de Khaled Drareni. Ses défenseurs, que nous avons contactés, se montrent déterminés pour obtenir la libération du journaliste algérien. Certains se disent aussi pessimistes quant à une issue heureuse.

En attendant, le mobilisation continue pour soutenir Khaled Drareni et défendre la liberté de la presse. Un rassemblement a lieu chaque lundi à Alger, devant la Maison de la presse, en présence de nombreux activistes et journalistes. Ce 31 août, 200 personnes environ étaient réunies. Le comité de soutien de Khaled en Algérie demande, dans un communiqué, qu'il "puisse comparaître libre à ce procès, comme ses deux co-inculpés Samir Belarbi et Slimane Hamitouche, condamnés en première instance pour les mêmes chefs d’accusation fallacieux".

Ce que les avocats de Khaled Drareni voient comme un "acharnement judiciaire" débute le 7 mars 2020. Ce jour-là, le journaliste de 40 ans couvre une nouvelle manifestation du Hirak, comme toutes les semaines depuis plus d'un an. Sur place, il est arrêté, placé en garde à vue.

Libéré sous contrôle judiciaire, le correspondant de TV5MONDE en Algérie poursuit alors son travail et fait une dernière apparition sur notre antenne le 20 mars. Il évoque alors la mise en suspens des protestations du Hirak à cause de la pandémie de Covid-19. Quelques jours plus tard, un mandat de dépôt est émis par les juges, il est ramené derrière les barreaux, officiellement accusé d' "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".

Des accusations réfutées par ses avocats qui évoquent un "dossier vide" et dénoncent un "acharnement particulier" contre leur client. "Les attendus présentés en première instance ne tiennent pas la route" assure l'une de ses défenseurs, maître Zoubida Assoul. Pour elle, "on ne peut penser qu'à une intervention extra-judiciaire" dans ce dossier. Elle ajoute : "La justice algérienne doit enfin être soustraite à toute intervention extérieure".

"Répression de la liberté de la presse"


Selon ses proches, le journaliste subissait des pressions depuis plusieurs mois pour mettre fin à sa couverture des événements du Hirak, le mouvement populaire d'opposition au pouvoir algérien. Il avait été convoqué à trois reprises par la direction de la sécurité intérieure sur ce sujet.

Le 10 août dernier, Khaled Drareni est reconnu coupable en première instance par le tribunal de Sidi M'hamed à Alger d'"incitation à attroupement non armé" et d'"atteinte à l'unité nationale". Il écope de trois années de prison ferme et de 50 000 dinars d'amendes (environ 330 euros).
 Le président de Reporters Sans Frontières, Christophe Deloire, dénonce la "fuite en avant" des autorités algériennes "en matière de répression de la liberté de la presse". L'ONG rappelle que, depuis la condamnation de Khaled Drareni, d'autres décisions judiciaires ont confirmé le durcissement des autorités algériennes contre les journalistes et les médias indépendants.
 
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Une mobilisation internationale est lancée, en dehors de l'Algérie, pour obtenir la libération du journaliste. Un rassemblement aura lieu à Tunis le 7 septembre à l'appel du Syndicat des journalistes tunisiens, de RSF et d'Amnesty International.

Aux États-Unis, le frère de Khaled Drareni compte manifester avec ses soutiens devant l'ambassade d'Algérie à Washington le samedi 5 septembre. Il y a quelques jours, un membre démocrate de la Chambre des représentants du Congrès américain, Adam Schiff, a publiquement apporté son soutien au journaliste, emprisonné depuis plus de 160 jours.

>> Réaction : le frère de Khaled Drareni n'a "ni le droit de le voir, ni le droit de l'appeler" en prison : 
 
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