Fil d'Ariane
Les autorités algériennes ont annoncé ce mercredi 8 janvier la composition de la commission chargée de changer la Constitution. Composée majoritairement de juristes, elle devra remettre des propositions au président Abdelmadjid Tebboune d'ici deux mois.
C’est l'une des promesses faites par le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, dès l’annonce de son élection le 12 décembre 2019 : réformer la Constitution et proposer un référendum pour faire valider le texte. Une commission de 17 personnes, dont une majorité de professeurs de droit vient d'être nommé 8 janvier. Le rapporteur général est Walid Laggoune, un constitutionnaliste, enseignant à la faculté de droit d'Alger.
La Commission a donc deux mois pour remettre des propositions au nouveau président. Des consultations devraient avoir lieu avec d'autres acteurs politiques avant publication d'un texte final soumis aux vote des Algériens. La date de ce nouveau référendum n'a pas été communiquée.
Lors de son discours investiture, le 19 décembre 2019, le président algérien avait tracé les grands axes de cette réforme. La nouvelle Constution devra ainsi limiter le nombre de mandats présidentiels à deux. Elle devra également revoir à la baisse l'étendu des pouvoirs du président. Pour rester conforme à cet esprit, Abdelmadjid Tebboune avait ainsi annoncé qu'il n'effectuerait qu'un mandat de 5 ans. La nouveau texte devra également permettre une moralisation de la vie politique algérienne. Un responsable politique coupable de corruption ne pourra pas être candidat à la présidence. Le nouveau texte devra assurer l'indépendance de la Justice.
Cette Constitution est censée garantir les libertés individuelles et publiques, les droits humains ou la liberté de la presse. Le changement c’est aussi « une presse libre dans le respect des lois de la république », avait insisté Abdelmadjid Tebboune.
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Le pouvoir voit dans ce projet de révision de la Constitution, une réponse aux attentes du "Hirak", le mouvement de contestation populaire qui ébranle l'Algérie depuis le 22 février. Le changement de Constitution est l'une des revendications du "Hirak". Ces annonces, faites au moment du discours d'investiture d'Abdelmadjid Tebboune, ont été suivies par par la libération de militants politiques, un geste d'appaisement voulu par le nouveau président. En effet, 76 personnes incarcérées dans le cadre du "Hirak" --en attente de procès ou déjà condamnées-- ont été remises en liberté le 2 janvier dernier, majoritairement à Alger. Mohamed Tajadit, le "poète du Hirak" a été ainsi libéré.
Cependant ces libérations ne sont que provisoires. Les charges ne sont pas abandonnées par les tribunaux. Cette vague de libération ne touche pas tous les détenus. Plusieurs figures de l'opposition dont Karim Tabbou, une des figures du Hirak, ont vu leur demande de libération rejetée ce 5 janvier dernier.
Les militants du Hirak ont repris la rue ce vendredi 3 janvier et certains d'entre eux brandissaient le portrait de Karim Tabbou pour réclamer sa libération. Les manifestants réclament toujours un changement de régime. Le nouveau gouvernement, annoncé le 2 janvier dernier, comprend 39 membres, dont un tiers ont occupé des fonctions dans la précédente équipe, ou au cours des 20 ans de présidence d'Abdelaziz Bouteflika.
Un changement de Constitution pourra-t-il enfin changer la donne politique ? Sous l'ère Abdelaziz Bouteflikala (1999-2019) la Constitution avait déja été modifiée trois fois.