Algérie : Boualem Sansal ne se pourvoira pas en cassation

Condamné à 5 ans de prison ferme  pour “atteinte à l’unité nationale”, l’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, ne va pas se pourvoir en cassation, a appris l’AFP ce samedi 5 juillet. L'annonce de la Cour d'appel d'Alger, jeudi dernier, avait provoqué de nombreuses réactions en France. 

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Boualem Sansal s'exprime lors de la 62e édition du Festival international du film de Berlin, le jeudi 9 février 2012.

Boualem Sansal s'exprime lors de la 62e édition du Festival international du film de Berlin, le jeudi 9 février 2012. 

(AP Photo/Markus Schreiber)
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"D'après nos informations, il ne fera pas de pourvoi en cassation", a assuré samedi la présidente du comité de soutien international à l'écrivain franco-algérien, Noëlle Lenoir, sur la station française publique France Inter. 

"Ça veut dire que la condamnation est définitive. D'ailleurs, compte tenu de l'état de la justice en Algérie (...) il n'a aucune chance en cassation pour faire requalifier son infraction", a ajouté l'ancienne ministre.

La Cour d’appel d’Alger avait confirmé le 1er juillet 2025 la peine prononcée en première instance (5 ans de prison, 500 000 dinars d’amende), assortie d’un délai de 8 jours pour un éventuel pourvoi. 

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Boualem Sansal, déjà incarcéré depuis sept mois en Algérie a rencontré son avocat, Pierre Cornut-Gentille, début juillet. Ce dernier a préféré ne pas faire de déclaration publique, suite à la décision de son client.

Parmi les faits qui sont reprochés par la justice algérienne à Boualem Sansal figurent notamment des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où l'écrivain estimait que, sous la colonisation française, l'Algérie avait hérité de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Sansal, atteint d'un cancer de la prostate, ne figurait pas parmi les milliers de personnes graciées par la présidence algérienne vendredi 4 juillet, à la veille de la fête de l'indépendance du pays.

Ses proches, qui précisent qu'il est "bien traité", espèrent néanmoins qu'il obtiendra une "grâce humanitaire à titre personnel".

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À l’annonce de la décision de la Cour d’appel d’Alger, l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud avait exprimé son émoi. 

"Je garde espoir, comme tout le monde, et j'espère vraiment me tromper, j'espère vraiment me tromper et le revoir ici en France, libre et en bonne santé mais, ce matin, c'est quand même une douche froide", a déclaré Kamel Daoud, lauréat en 2024 du prix Goncourt, la récompense littéraire la plus prestigieuse en France.

Visé lui-même par deux mandats d'arrêt internationaux émis par l'Algérie, une plainte et une assignation en France, Kamel Daoud a redit son sentiment d'être "harcelé" en raison de ses critiques contre les autorités de son pays natal.

L’affaire alimente un débat animé dans les médias algériens, accusant la France de focalisation excessive sur le cas de Sansal, comme Le Soir d’Algérie, qui parle de "fixation sur Sansal"

Le titre rappelle que plus de 1700 Français sont actuellement détenus à l’étranger. "Pourtant, il n’y en a qu’un seul qui semble intéresser le gouvernement français : Boualem Sansal". D’autres journaux comme L’Expression évoquent un "déferlement de calomnies" et dénoncent un traitement de faveur par Paris.

"Ce matin, en lisant la Une des principaux journaux algériens, c'est une douche froide", a détaillé Kamel Daoud à la radio France Inter. "C'est le même titre qui a été publié par pratiquement tous les journaux avec la même question : de quoi se mêle la France?" 

"Quand on a le même titre sur les mêmes Unes le même jour, ça veut dire que l'instruction est venue d'en haut et ça n'augure pas de quelque chose de bon", a-t-il poursuivi.

En France, la classe politique a également exprimé ses regrets sur la question. Le Premier ministre François Bayrou a estimé que la situation était “insupportable”, et a espéré “des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé” de l’écrivain.

Sur Cnews, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas a déclaré que la France œuvrait pour une grâce humanitaire, ce jeudi 3 juillet. "La France utilise les moyens diplomatiques pour demander au président Tebboune une grâce humanitaire", a-t-elle déclaré.

Pour Noëlle Lenoir, il était évident qu'il n'y allait pas avoir de grâce à l'occasion de la fête de l'indépendance, mais elle "garde l'espoir" a-t-elle déclaré au micro de France Inter.

"Nous pensons qu'il sera libéré. C'est impossible que l'Algérie prenne la responsabilité de sa mort en prison", a-t-elle avancé.