Fil d'Ariane
Des archéologues ont découvert sur le site d'Aïn Boucherit, dans la région de Sétif en Algérie, des outils en pierre taillée remontant à 2,4 millions d'années, bien plus anciens que ceux trouvés dans cette région jusqu'à présent. Les galets découverts, utilisés apparemment comme outils, sont en calcaire et en silex taillés. Ils ressemblaient exactement à ceux trouvés jusqu'alors principalement en Afrique de l'Est.
Ils ont aussi déterré à proximité des dizaines d'ossements animaux fossilisés, présentant ce qui ressemble à des marques d'outils - de véritables outils de boucherie préhistorique. Ces ossements proviennent d'ancêtres de crocodiles, d'éléphants, d'hippopotames ou encore de girafes.
Depuis des décennies, l'Afrique de l'Est est considérée comme le berceau de l'humanité. On y a trouvé les outils les plus anciens datant de 2,6 millions d'années. La découverte, publiée ce 30 novembre par la prestigieuse revue américaine Science, rivalise désormais avec cette période :
“The effective use of sharp-edged knife-like cutting stone tools at Ain Boucherit suggests that our ancestors were not mere scavengers,” Isabel Caceres, an archaeologist at Rovira i Virgili University in Spain and a co-author of the study, said https://t.co/B6M8m38QXv pic.twitter.com/CAEO8Es1aZ
— Dr. Ann (@AnnChildersMD) 30 novembre 2018
"L'usage effectif d'outils en pierre taillée à usage de couteaux sur le site d'Aïn Boucherit suggère que nos ancêtres n'étaient plus de simples pilleurs", a tweeté la professeure Isabel Caceres, archéologue et coauteure de l'étude.
Cela pourrait signifier que les techniques d'outils sont rapidement sorties d'Afrique de l'Est. "Le site d'Ain Lahnech est le deuxième plus ancien au monde après celui de Kouna en Ethiopie qui remonte à 2,6 millions d'années, considéré comme le berceau de l'humanité", explique le professeur Mohamed Sahnouni, qui a dirigé l'équipe de recherche et travaille depuis des années sur ce site. Ces traces d’activité sont les plus anciennes découvertes à ce jour sur tout le pourtour méditerranéen.
Difficile de l'affirmer avec certitude. Les chercheurs avancent deux hypothèses principales : soit des hominidés d'Afrique de l'Est ayant "migré" jusque dans cette région de l'Algérie, soit une branche encore inconnue des archéologues.
Une chose est désormais sûre pour l'équipe qui a fait cette découverte : elle témoigne d’un peuplement humain sur la marge sud du pourtour méditerranéen bien plus ancien qu’au nord de la Méditerranée. Puisqu’il apparaît désormais comme antérieur de presque un million d’années par rapport aux plus anciennes traces d’industries lithiques et de fossiles d’hominidés trouvées dans le sud de l’Europe et notamment en Espagne, à Atapuerca et Orce.