Fil d'Ariane
Des manifestants défilent à Kherrata, à 300 km d'Alger, le 16 février 2021.
Avec les libérations des détenus liés au Hirak et aux libertés individuelles, c'est la question de la liberté de la presse en Algérie et de la démocratie qui est en jeu. Les explications de Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters Sans Frontières, et l'analyse de Slimane Zeghidour, éditorialistede TV5MONDE.
Vendredi soir, le Comité de libération des détenus d'opinion, organisation de la société civile algérienne, recensait 17 libérations de détenus. Parmi les dernières personnes libérées figurent Dalila Touat, enseignante, l'activiste Mohamed Khaled et
l'opposant Rachid Nekkaz visiblement affaibli. Incarcéré à la prison d'El Bayadh (sud-ouest), Rachid Nekkaz avait commencé une grève de la faim plus tôt dans la journée pour protester contre sa détention prolongée, sans jugement, malgré la détérioration de son état de santé selon son entourage.
« En principe la grâce est un geste régalien du président qui devrait mettre fin à l’affaire » explique Slimane Zeghidour, « en revanche, la question qui se pose c’est : est-ce que cette grâce est assortie de conditions? Est-ce que Khaled aura les garanties de reprendre son travail comme il le faisait à la veille de son arrestation? »
« Je me sens très bien, comme un journaliste qui vient d’être libéré même si j’ai toujours été libre dans ma tête » affirme Khaled Drareni avant de remercier tous ses soutiens « qui croient au combat juste de la liberté de la presse […] qui doit être comme toute autre liberté, une liberté sacrée »
Je pense aux autres détenus. Je considère que s'il en reste encore un seul, alors nous ne sommes pas libres.
Khaled Drareni
Khaled Drareni, notre correspondant en Algérie, est libre depuis ce vendredi soir et il a choisi TV5MONDE pour s'exprimer pour la première fois.
J'espère que je reprendrai bientôt le boulot, celui de parler de mon pays parce que j'aime le faire et parce que je pense que je sais le faire.
Khaled Drareni
Je tiens à remercier tous ceux qui ont été solidaires avec moi, et avec les autres détenus, sans exception. Je souhaite qu’ils libèrent tous les détenus, notamment les journalistes. Mon combat pour la liberté de la presse en Algérie, mon combat en tant que journaliste va se poursuivre.
Khaled Drareni
Vendredi soir, après une longue journée d'attente de ses soutiens, le journaliste Khaled Drareni, correspondant de TV5MONDE et Reporters Sans Frontières en Algérie, sort de la prison de Koléa où il était détenu depuis plus de dix mois. Une libération qui intervient au lendemain des annonces de grâce de détenus par le président Tebboune dans un discours télévisé. Khaled Drareni avait été condamné en appel à deux ans de prison ferme en septembre 2020.
« On est très heureux de voir Khaled à l’antenne, enfin libre. Il a symbolisé pendant toute une année cette inspiration des algériennes et des algériens une information libre et indépendante. Il est devenu un symbole incontournable du Hirak. » affirme Souhaieb Khayati, qui souligne pour autant « l’injustice inouïe » dont Khaled Drareni a été victime pendant « 11 mois pour avoir été un journaliste libre et indépendant. »
Des proches et amis de détenus attendaient, vendredi, la libération des leurs devant la prison de Kolea, près d’Alger. Parmi eux, Abdelghani Badi, l’un des avocats du correspondant de TV5MONDE en Algérie, Khaled Drareni, qui salue un « geste positif » de la part du président Tebboune et attend désormais des décisions « beaucoup plus courageuses et audacieuses. »
Grâce présidentielle du 18 Février 2021:11h 30: Badi Allal (Tamanrasset), Lahcen Ben Cheikh (Bordj Bou Arreridj),...
Publiée par Comité National pour la Libération des Détenus - CNLD sur Vendredi 19 février 2021
Emprisonné depuis le 29 mars 2020, condamné en appel le 15 septembre dernier à 2 ans de prison ferme pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale", le correspondant de TV5MONDE, Khaled Drareni, pourrait être libéré "dans les heures à venir" selon son avocate, Zoubida Assoul.
"Ces gestes visent à apaiser la population, à donner plus d’espoir et à confirmer cette annonce d’une Algérie nouvelle", explique Kamel Zaït. Selon le journaliste, ces annonces sont aussi une manière pour le président de "reprendre la main" après sa longue convalescence en Allemagne. Bien qu’"une Algérie nouvelle ne saurait être faite avec d’anciennes institutions héritées de l’ancien régime", indique Kamel Zaït.
Le correspondant de TV5MONDE et de Reporters Sans Frontières en Algérie, Khaled Drareni, a été condamné en appel le 15 septembre 2020 à 2 ans de prison ferme pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".
Mohamed Naili, activiste, vient d’être libéré de la prison de Tebessa, selon Kamel Zaït notre correspondant à Alger. Selon Le Matin d'Algérie, il avait été arrêté le 12 juillet 2020.
Selon notre correspondant à Alger, Lahcen Bencheikh vient d’être libéré dans la ville de Bordj Bouariridj. Il a été arrêté le 10 novembre 2020 selon Le Matin d'Algérie.
Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien, quelque 70 personnes sont actuellement en prison en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles.
Cette annonce survient à quelques jours du deuxième anniversaire du Hirak, ce soulèvement populaire inédit qui a forcé l'ex-homme fort Abdelaziz Bouteflika à renoncer à un cinquième mandat présidentiel et à quitter le pouvoir. Des appels à manifester lundi 22 février dans toute l'Algérie circulent sur les réseaux sociaux.
J'ai décidé d'accorder la grâce présidentielle à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu'à d'autres pour lesquelles aucun verdict n'a été prononcé. Entre 55 et 60 personnes rejoindront à partir de ce soir ou demain leur famille
Abdelmadjid Tebboune, président algérien
"J'ai décidé d'accorder la grâce présidentielle à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu'à d'autres pour lesquelles aucun verdict n'a été prononcé. Entre 55 et 60 personnes rejoindront à partir de ce soir ou demain leur famille", a déclaré le président algérien dans un discours à la Nation jeudi 18 février.
Lire aussi : Algérie : le président Tebboune annonce des décisions fortes
Dans un tweet, la présidence a précisé que la grâce concernait les "auteurs de crimes liés aux technologies de l'information et de la communication", sans divulguer de noms.
رئيس الجمهورية السيد عبد المجيد تبون يعلن في خطاب للأمة قبل قليل، عفوا رئاسيا عن عدد من مرتكبي الجرائم المتصلة بتقنيات الاعلام والاتصال، كما يعلن عن حل المجلس الشعبي الوطني، وتعديل الحكومة، والشروع في إنشاء المجلس الأعلى للشباب والمرصد الوطني للمجتمع المدني والمحكمة الدستورية.
Voir aussi : Algérie : le président Tebboune annonce la libération de dizaines de détenus