Le président algérien Abdelmadjid Tebboune qualifie de "geste positif" la condamnation à l'Assemblée nationale française du "massacre" de plusieurs dizaines d'Algériens lors d'une manifestation en octobre 1961 à Paris.
Le président français Emmanuel Macron dépose une gerbe près du Pont de Bezons, en banlieue parisienne, en mémoire des victimes algériennes de la répression du 17 octobre 1961, dont certaines ont été jetées dans la Seine depuis ce pont, Colombes, 16 octobre 2021.
"L'Assemblée nationale française a fait un geste positif en reconnaissant le crime commis par (le préfet Maurice) Papon en 1961. C'est une étape positive", déclare Abdelmadjid Tebboune dans une interview sur la télévision nationale, diffusée le 30 mars au soir.
Nous avons atteint un stade de maturité qui nous permet de voir les choses comme nous devrions les voir, sans émotion.
Abdelmadjid Tebboune, président algérien
Le chef de l'État a rappelé qu'une commission mixte d'historiens des deux pays "travaille sur le dossier de la mémoire" de la colonisation de l'Algérie par la France (1830-1964), soulignant son engagement sur cet aspect douloureux et conflictuel des relations entre Alger et Paris. "Nous avons atteint un stade de maturité qui nous permet de voir les choses comme nous devrions les voir, sans émotion", a assuré le président algérien.
(Re)lire France : l'Assemblée nationale condamne le massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris
Selon lui, l'Algérie s'est lancée dans "une refondation des relations avec l'ancien colonisateur, sans laisser un millimètre de notre devoir envers nos martyrs de la résistance et de la guerre de libération". Le texte adopté le 28 mars par l'Assemblée nationale en France et qui a surtout une portée symbolique, condamne le massacre du 17 octobre 1961 au cours duquel entre une trentaine et plus de 200 manifestants algériens sont morts, selon les historiens.
La résolution qui "condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l'autorité du préfet de police Maurice Papon", demande aussi "l'inscription d'une journée de commémoration" à "l'agenda des journées nationales et cérémonies officielles". Le texte, un "vote pour l'histoire" selon l'une de ses initiatrices, la députée écologiste Sabrina Sebaihi, a été approuvé par 67 députés de gauche et de Renaissance, le parti du président Emmanuel Macron, alors que 11 membres du Rassemblement national ont voté contre.
(Re)voir France-Algérie : 17 octobre 1961, le massacre des Algériens à Paris
Une visite officielle de Abdelmadjid Tebboune à Paris a été annoncée il y a plusieurs semaines pour "fin septembre/début octobre" par les deux pays. Mais entre temps Alger a anticipé de trois mois l'élection présidentielle au 7 septembre et Abdelmadjid Tebboune n'a pas encore dit s'il briguerait un deuxième mandat.