Parmi les multiples particularités qui singularisent le cas algérien, il y a… le sous-sol, qui fait de lui un état virtuellement aisé sinon riche L’Algérie est le 15ème producteur mondial de pétrole, les hydrocarbures représentant 98 % de ses exportations. Il y a deux ans, l’État algérien avait fondé ses prévisions budgétaires sur un baril de pétrole à 39 $. Son cours dépasse aujourd’hui les 100 $ et les malheurs du consommateur ne font pas celui du vendeur. Heureuse surprise gérée avec une certaine prudence, l’excédent de recettes qui en découle alimente une réserve de change aujourd’hui estimée à plus de 100 milliards d’euros. La rente pétrolière – qui devrait encore durer une vingtaine d’année - permet au pays une dépense publique sans commune mesure avec celle de ses voisins : plus de 300 milliards d’euros entre 2004 et 2014. 7 EUROS PAR JOUR Même absorbées en grande partie par des dépenses d’infrastructures, tant de liquidités devraient logiquement faire de l’Algérie un pays de cocagne. On en est loin. Plus de 70% de la population algérienne perçoit moins de 20.000 dinars net par mois, moins de 200 euros, moins de 7 euros par jour. Si le taux de chômage se situe officiellement à 10 % de la population active, beaucoup jugent ce chiffre nettement sous-évalué, et des analystes estiment la réalité à près du double, voire du triple dans la jeunesse. L’existence d’une rente pétrolière aussi généreuse et d’un matelas aussi confortable fournit certes au pouvoir algérien un levier considérable face aux tensions sociales, encore utilisé récemment. Mais elle est aussi, par l’injustice de sa répartition, les inégalités qu’elle creuse, la corruption qu'elle alimente et d’une façon générale le scandale qu’elle souligne, génératrice de frustrations et de tensions plus profondes encore que dans que dans des contrées moins bénies des dieux.