Fil d'Ariane
Le témoignage de Walid Nekkiche, violé lors de sa détention, a provoqué une vague d'indignation en Algérie. En réaction, des ONG algériennes ont créé à Alger ce samedi 13 février un comité de lutte contre la torture et les violences subies par les détenus d'opinion.
Walid Nekkiche, un étudiant prodémocratie de 25 ans, a révélé avoir été torturé et agressé sexuellement par des membres des services de sécurité lors de sa détention. Son témoignage a soulevé l'indignation de l’opinion publique et contraint le parquet général de la Cour d'Alger à ouvrir une enquête.
En réaction, plusieurs associations ont décidé de s'organiser pour que "justice soit rendue", sous la forme d'un "Comité de lutte contre la torture et les conditions carcérales inhumaines des détenus en Algérie".
Cette nouvelle organisation rassemble le Comité national de libération des détenus (CNLD), la Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement et le Collectif des avocats de la défense des détenus d'opinion.
"En faisant état de ses sévices devant les magistrats, Walid Nekkiche a brisé l'omerta. Il a été d'un courage exemplaire", ont expliqué des représentants du collectif anti torture lors d'une conférence de presse à Alger. Il faut que "les tortionnaires soient identifiés et jugés" ont-ils rajouté.
Walid Nekkiche avait été arrêté fin novembre 2019 à Alger lors d'une marche des étudiants du "Hirak", le mouvement de contestation anti régime né en février de la même année.
Il a expliqué avoir été "agressé sexuellement, physiquement et verbalement" pendant une garde à vue au "centre Antar", une caserne de la périphérie d'Alger connue pour être un lieu d'interrogatoire des services de sécurité. Or rares sont ceux qui osent dénoncer avoir subi des sévices d’ordre sexuel comme nous l’expliquait notre éditorialiste Slimane Zeghidour.
(RE)voir : Affaire Walid Nekiche "Ces tortures rappellent les affres de la gurre d'indépendance"
"L'enquête préliminaire du parquet ne doit pas être un énième subterfuge pour calmer la colère et l'indignation" et "les lieux de torture comme la caserne Antar doivent être bannis", ont réclamé les organisateurs du comité.
Selon eux, "les conditions d'arrestation, d'incarcération et de détention des détenus rapportées par les avocats confirment des cas de maltraitance, de violence et de torture dans différentes structures de police et services de sécurité, ainsi que dans les prisons".
Selon le CNLD, plus de 70 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec les protestations du "Hirak" et/ou les libertés individuelles.