Au moins 34 personnes, dont dix militaires, ont péri dans de violents incendies survenus dans le nord-est de l'Algérie dans la nuit de dimanche à lundi et toujours en cours, selon un nouveau bilan publié par le ministère de l'Intérieur lundi soir.
Photo d'archive. Incendie de forêt près de Tizi Ouzou, en Kabylie, à l'est de la capitale algérienne, 11 août 2021.
Un précédent bilan faisait état de 15 morts et 26 blessés, dans les incendiesqui ont touché une quinzaine de wilayas (préfectures) du nord-est du pays dans la nuit de dimanche 23 à lundi 24 juillet, ravivant la mémoire de deux étés de feux dévastateurs dans ces mêmes régions.
Des soldats se sont retrouvés encerclés par les flammes alors qu'ils étaient évacués de Beni Ksila, dans la préfecture de Béjaïa (est), accompagnés d'habitants de hameaux limitrophes, a indiqué pour sa part le ministère de la Défense.
Au total, le pays a enregistré 97 départs de feux dans 16 wilayas (préfectures) mais les plus violents incendies ont touché Béjaïa, Bouira et Jijel, faisant 15 morts et 26 blessés, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Ces feux, attisés par des vents très forts, ont atteint des zones d'habitations dans ces trois préfectures où 1.500 personnes, menacées par les flammes, ont été évacuées, selon le ministère.
L'Algérie fait face à une canicule intense dans une partie de ces régions, avec des pics de températures à 48 degrés attendus ce 24 juillet, qui contribuent à assécher la végétation, rendue ainsi plus vulnérable aux départs de feux.
En Tunisie voisine, dans la zone frontalière de Tabarka, dans le nord-ouest, de graves incendies ont repris lundi près d'une région déjà ravagée par les flammes la semaine précédente. Une équipe de l'AFP a pu constater d'importants dégâts à la hauteur de Nefza, à 150 km à l'ouest de Tunis, où des hélicoptères et des bombardiers d'eau Canadair sont intervenus.
"Environ 300 habitants du village de Melloula ont été évacués par voie maritime" par mesure de précaution face aux fortes rafales de vent attisant les incendies, selon Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la garde nationale tunisienne, qui a également évoqué de nombreux départs par voie terrestre.
Des images de médias locaux montrent des champs et des zones boisées en feu, des voitures calcinées et des devantures de magasins réduites en cendre dans des villages entièrement détruits par les flammes.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a adressé ses condoléances aux familles en évoquant des "victimes civiles" mais aussi "militaires".
Quelque 8.000 agents de la protection civile et 525 camions étaient toujours à pied d'oeuvre lundi soir dans 11 wilayas, où des incendies qui ont ravagé des forêts, des maquis et des champs étaient encore en cours selon les autorités.
Si la plupart des feux ont été maîtrisés, des "opérations d'extinction se poursuivent dans six wilayas: Boumerdes, Bouira, Tizi Ouzou, Bejaïa, Jijel et Skikda, avec la mobilisation de 13 colonnes mobiles et 3.050 agents, appuyés ce lundi 24 juillet matin par 12 colonnes mobiles et 1.200 agents supplémentaires", selon le ministère.
Des avions et hélicoptères anti-incendie affrétés récemment ainsi qu'un bombardier à grande capacité de type B.E 200 sont intervenus pour larguer de l'eau sur les feux.
Le ministère de l'Intérieur a appelé les citoyens à "éviter les zones touchées et à utiliser les numéros verts mis à disposition pour effectuer tout signalement" d'incendie.
Le procureur général de de Bejaïa a ordonné, selon un communiqué, l'ouverture d'enquêtes préliminaires pour déterminer les causes des incendies et identifier d'éventuels auteurs.
Dans la région de Tizi Ouzou (nord-est), 15 foyers, dont trois jugés importants, ont été éteints dès dimanche soir, selon la Protection civile.
Chaque été, le nord et l'est de l'Algérie sont touchés par des feux de forêt, maquis et récoltes, un phénomène qui s'accentue d'année en année sous l'effet du changement climatique, entraînant des sécheresses et des canicules.
Des arbres carbonisés à Tizi Ouzou, août 2021.
En août 2022, de gigantesques incendies avaient fait 37 morts dans la région d'El Tarf, dans le nord-est. L'été 2021 avait été le plus meurtrier depuis des décennies: plus de 90 personnes avaient alors péri dans des feux ayant dévasté le nord, en particulier la Kabylie.
Pour éviter la réédition du scénario de 2021 et de 2022, les autorités ont sonné la mobilisation à l'approche de l'été.
Fin avril, le président Tebboune a ordonné l'acquisition de six avions bombardiers d'eau de taille moyenne et le lancement d'un appel d'offre à destination des start-up pour mieux contrôler le couvert forestier, en utilisant des drones.
En mai, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'acquisition imminente d'un avion bombardier d'eau, la location de six autres d'une entreprise sud-américaine avec leurs équipes techniques, et un appel d'offres pour l'achat des six bombardiers d'eau de taille moyenne annoncés par M. Tebboune.
Les autorités ont également procédé à l'aménagement d'aires d'atterrissage d'hélicoptère dans 10 wilayas (préfectures) et mobilisé des drones de fabrication locale pour la surveillance et la prévention des incendies.
L'Algérie avait également passé commande à la Russie de quatre bombardiers d'eau mais leur livraison a été retardée par les "répercussions de la crise en Ukraine", après l'invasion de ce pays par la Russie.