Fil d'Ariane
Le journaliste algérien Abdelkrim Zeghileche a été condamné ce lundi 24 août à deux années de prison ferme pour "atteinte à l'unité nationale" et "outrage au chef de l'Etat", dernier procès en date contre les militants prodémocratie en Algérie, a indiqué l'un de ses avocats.
Il est notamment reproché à Abdelkrim Zeghileche, détenu depuis le 24 juin, des publications sur Facebook appelant à la création d'un nouveau parti politique.
"Maintenant, tous les opposants algériens, dès qu'ils parlent, on leur colle une atteinte à l'unité nationale pour les incarcérer", a déploré l'avocat, Me Djamel Aissiouane. "Abdelkrim Zeghileche a été condamné à deux ans de prison ferme et à une amende de 100.000 dinars (660 euros). Le dossier est vide. Nous allons faire appel", a-t-il ajouté.
(Re)voir : Condamnation de Khaled Drareni, "Le journalisme est un crime au regard du pouvoir algérien"
Le procureur du tribunal de Constantine (nord-est), lieu du procès, avait requis trois ans de prison ferme à l'encontre de M. Zeghileche, directeur de Radio-Sarbacane, une radio indépendante en ligne.
Abdelkrim Zeghileche avait été relaxé le 4 mars dans le cadre d'un autre procès: le procureur de Constantine avait alors requis 6 mois de prison ferme contre lui et sa collègue Lynda Nacer pour "incitation à attroupement non armé" après un appel à un sit-in contre le 5e mandat du président déchu Abdelaziz Bouteflika début 2019.
La sentence très sévère a choqué ses collègues en Algérie et au-delà. Une campagne internationale de solidarité a été lancée par des défenseurs des droits de la presse et de la protection des journalistes. Des manifestations en faveur de sa libération ont été organisées à Paris, New York et Genève.
Ces derniers mois, des journalistes ont été accusés par le régime de semer la discorde, de menacer l'intérêt national et surtout d'être à la solde de "parties étrangères". Plusieurs sont en prison et des procès sont en cours.
L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters Sans Frontières. Elle a dégringolé de 27 places par rapport à 2015.
A lire : Suisse, des militants du Hirak manifestent devant l'ONU contre les "détentions arbitraires" en Algérie