Fil d'Ariane
Figure du Hirak, Karim Tabbou, a été placé en garde à vue ce mercredi 28 avril au soir, à Alger. Il avait dû se présenter devant la police après une plainte déposée à son encontre par le président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Bouzid Lazhari.
Au moment des funérailles de l’avocat et vétéran du combat pour les droits humains, Ali Yahi Abdennour, lundi, M. Lazahri avait essuyé les critiques de M. Tabbou. Ce dernier devrait être déféré devant la justice jeudi 29 avril.
Alger :Karim Tabbou placé en garde à vue, en attendant sa présentation devant le procureur.Karim Tabbou retenu au...
Publiée par Comité National pour la Libération des Détenus - CNLD sur Mercredi 28 avril 2021
"Mettre Karim Tabbou en prison pour avoir interpelé le président du (CNDH), est une décision excessive. Priver quelqu'un de sa liberté au nom des droits de l'Homme, c'est surprenant", a déclaré Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne des Droits de l'Homme (LADDH), joint par téléphone par TV5MONDE. "Le CNDH a pris une décision qui va dans le sens inverse de son mandat", a-t-il poursuivi.
Ce n’est pas la première fois que l’opposant se retrouve face à la justice. Il a déjà été condamné pour « atteinte à l’unité nationale » et emprisonné entre septembre 2019 et juillet 2020.
Le militant de 47 ans, figure très populaire depuis le début des manifestations il y a deux ans, se savait avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, dans un contexte de répression accrue contre tous les opposants au régime. Un climat répressif encore plus soutenu alors que se profilent, en juin, des élections législatives très critiquées.
Pour Saïd Salhi, "Karim Tabbou était, depuis, le plus visible". Il reproche d'ailleurs au CNDH d'avoir "brillé par son absence", au moment se son arrestation précédente. "Plus que cela, le CNDH avait rejeté la qualité de prisonnier d'opinion à Karim Tabbou et aux prisonniers du Hirak", a-t-il ajouté.
Les principaux partis de l’opposition laïque ont d’ores et déjà annoncé faire l’impasse sur un scrutin qu’ils qualifient de « une mascarade électorale. » Le parti Union démocratique et sociale (UDS), dont le chef est M. Tabbou, s’est joint au boycott du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), du Front des forces socialistes (FFS), du Parti des travailleurs (PT), de l’Union pour le changement et le progrès (UCP). « Cette élection ne nous concerne pas », expliquait-il dans un entretien accordé à l’AFP il y a quelques jours.
(Re)voir : Algérie : « Après 60 ans, les Algériens revendiquent encore l’indépendance »