Le nouveau président algérien, Abdelmadjid Tebboune, élu au premier tour de la présidentielle du 12 décembre 2019, prend officiellement ses fonctions ce jeudi 19 décembre pour un mandat de cinq ans. Il a prêté serment lors d'une cérémonie officielle qui s'est déroulée au Palais des nations à Alger. 48 heures auparavant, il était conspué par une importante manifestation des étudiants du "Hirak".
C’est devant un parterre d’officiels que le nouveau président a prêté serment à Alger ce jeudi 19 décembre. A 74 ans, Abdelmadjid Tebboune entre ainsi officiellement en fonctions après avoir été élu avec 58,13% des voix au premier tour, le 12 décembre 2019, selon les chiffres officiels.
Il reste pourtant considéré comme illégitime par le Hirak, le mouvement de contestation antisystème qui secoue le pays depuis dix mois.
Kamel Fenniche, le président du Conseil constitutionnel a ouvert la cérémonie d'investiture en donnant les chiffres de la participation au scrutin présidentiel contesté : "
8 millions de votants sur plus de 24 millions d'électeurs inscrits".
La participation donnée après l'élection s'élevait à 39.38%. Un chiffre remis en cause par la contestation et certains analystes qui l'estiment en réalité plus faible.
Prestation de serment
Devant le chef des Armées Gaïd Salah et les quatres adversaires malheureux du nouveau président, le chef d’Etat par intérim Abdelkader Bensalah, a ensuite pris la parole pour faire la passation de pouvoir en louant les grands principes démocratiques du pays.
Main sur le Coran et aux «
noms des martyres » de la «
glorieuse révolution de novembre », Abdelmadjid Tebboune a prêté serment devenant ainsi le 8ème président algérien. Il succède ainsi à Abdelaziz Bouteflika dont il fut Premier ministre, contraint à la démission en avril dernier, après 20 ans à la tête du pays.
Au cours de son premier discours officiel de chef d’Etat, il s’est engagé à servir le peuple algérien et à respecter la Constitution. Il a également félicité le peuple algérien d’avoir «
tracé un nouvel avenir pour le pays » et «
remis l’Algérie sur le chemin de la légitimité ».
Abdelmadjid Tebboune en a également profité pour féliciter le président par intérim Abdelkader Bensalah pour «
le brio avec lequel il a assumé sa mission à la tête de notre pays dans des conditions très sensibles et fait office de bouclier contre l’ingérence étrangère et les complots visant à déstabiliser la paix intérieure et la stabilité ». Des arguments portés par les pro-élections qui défilaient dans les rues d’Alger à l’approche du scrutin présidentiel.
Modifications de la Constitution
Afin de répondre «
à l’ensemble des revendications du peuple », Abdelmadjid Tebboune a annoncé souhaiter modifier la Constitution pour y inscrire la limite d’un seul mandat pour les présidents, contre deux aujourd’hui. Dans cette optique, le nouvel homme fort de l’Algérie, a affirmé sa volonté de lutter contre la corruption et de protéger les droits fondamentaux comme la liberté de la presse ainsi que le droit de manifester.
Sur le plan économique, le président affirme vouloir développer «
l’investissement dans les énergies renouvelables et soutenir les petites et moyennes entreprises privées et publiques créatrices d’emplois », grâce à un système d’impôt «
favorable ». Dans ce pays où 60% du budget de l’Etat repose sur le pétrole et le gaz, le «
soutien au tourisme » ainsi que le «
développement de la production culturelle et intellectuelle », devraient selon lui «
permettre de sortir de la dépendance aux puissances étrangères et au pétrole » et par la même «
donner la priorité à la classe la plus vulnérable ».
"Main tendue" au "Hirak"
Ces annonces de révisions de la Constitution faisaient partie de ses promesses post-victoire électorale. Il avait aussi, à cette occasion, dit "tendre la main" au "Hirak", invitant au "dialogue" pour "une Algérie nouvelle".
Le mouvement antisystème lui a opposé une fin de non recevoir en manifestant massivement dans les rues quelques heures plus tard.
Abdelmadjid Tebboune avait aussi promis à la jeunesse un nouveau gouvernement comptant "des ministres jeunes ne dépassant pas les 26 et 27 ans".
Le nouveau président devrait annoncer dans la journée le nom du Premier ministre qui lui proposera un gouvernement.