Algérie : le patron de presse Ihsane El Kadi écope de cinq ans de prison ferme

La Cour d'appel d'Alger a sensiblement alourdi, dimanche 18 juin, une condamnation contre le patron de presse Ihsane El Kadi, emprisonné depuis décembre. Il écope d’une peine de sept ans de prison dont cinq ans ferme, soit deux ans de plus qu'en première instance.

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Ihsane El Kadi

Le patron de presse, Ihsane El Kadi, a vu sa peine alourdie à sept ans de prison, dont cinq ans ferme, par la Cour d'Alger, dimanche 18 juin.

Twitter de Khaled Drareni
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"Un verdict choquant et incompréhensible", a écrit, sur Twitter, le représentant de l'organisation non gouvernementales (ONG) Reporters sans frontières (RSF), Khaled Drareni. L'arrestation d’Ihsane El Kadi a suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe. Une pétition lancée par RSF pour obtenir sa libération a recueilli plus de 10.000 signatures.

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En première instance, le patron de presse, poursuivi pour "financement étranger de son entreprise", a écopé, le 2 avril, de cinq ans de prison dont trois ans ferme. Lors du procès en appel tenu le 4 juin, le procureur général a requis la confirmation de cette condamnation.

Ihsane El Kadi, 63 ans, est le dirigeant d'un des derniers groupes de presse privés et indépendants d'Algérie. Interface médias comprend Radio M et le site d'information Maghreb Emergent. Il est emprisonné depuis le 29 décembre.

"25.000 livres sterling"

"Nous sommes stupéfaits devant une telle décision qui est plus politique que judiciaire", a réagi auprès, Me Zoubida Assoul, qui fait partie des avocats de la défense. Ihsane El Kadi a écopé de la peine maximale prévue par la loi. Il n'est pas un repris de justice et devait bénéficier des circonstances atténuantes." Zoubida Assoul précise que l’accusé va "certainement" se pourvoir en Cassation. 

Il est poursuivi pour "avoir reçu des sommes d'argent et des privilèges de la part de personnes et d'organisations dans le pays et à l'étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'Etat et sa stabilité", a indiqué la Cour d'Alger lors de l'énoncé du verdict de première instance.

Selon l'arrêt de renvoi, les fonds en question s’élèvent à "25.000 livres sterling (environ 28.000 euros, ndlr) que le journaliste a reçu, par tranches, de sa fille Tin Hinane, établie à Londres et actionnaire d'Interface Médias", a précisé Me Assoul. Elle a précisé que cet argent devait servir à régler des arriérés de dettes du groupe. "Il n'y a aucun document dans le dossier judiciaire attestant que Ihsane El-Kadi ou Interface médias ont reçu des fonds d'organismes étrangers ou d'une personne étrangère."

"Terribles contre-vérités"

La justice a également prononcé la dissolution de sa société Interface Médias et la confiscation de tous ses biens saisis ainsi que des amendes à son encontre et visant ses entreprises.

Dans une résolution adoptée le 11 mai, le Parlement européen a demandé la "libération immédiate et inconditionnelle" du patron de presse et appelé les autorités algériennes à respecter la liberté des médias. Le Parlement algérien a réagi à cette prise de position en la qualifiant d'"ingérence flagrante dans les affaires d'un pays souverain". Il a exprimé son "rejet catégorique" du texte "rempli de terribles contre-vérités" voté par les eurodéputés.

Lors d'une cérémonie à la présidence, le 3 mai, à l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, le président Abdelmadjid Tebboune a eu des échanges avec des journalistes dont Khaled Drareni, convié à la rencontre.
Ce dernier a expliqué avoir participé à la cérémonie, en tant que représentant de RSF pour l'Afrique du nord et "pour remettre (au président Tebboune) une lettre de l'organisation (RSF) contenant une série de demandes, notamment la libération de Ihsane El Kadi et l'abandon des poursuites contre lui et contre Interface médias."

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Le dirigeant algérien a alors assuré les professionnels des médias de sa volonté d'ouvrir "une nouvelle page" avec la presse nationale, à travers notamment l'entrée en vigueur de nouvelles lois. L'Algérie figure à la 136ème place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.

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