Algérie : le président élu Abdelmadjid Tebboune a prêté serment

Abdelmadjid Tebboune, vainqueur au premier tour de la présidentielle du 12 décembre, a prêté serment ce jeudi 19 décembre. Il prend donc officiellement ses fonctions pour un mandat de cinq ans. 48 heures avant cette cérémonie publique à Alger, le président algérien élu a été conspué par une importante manifestation des étudiants du "Hirak". 
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Le président élu Abdelmajid Tebboune lors d'une conférence de presse. Alger, Algérie, 13 décembre 2019.
© AP / Fateh Guidoum
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La main sur le Coran, le nouveau président élu Abdelmadjid Tebboune a prêté serment ce jeudi 19 décembre. Il prend ainsi officiellement ses fonctions pour un mandat de cinq ans. Comme le prévoit la Constitution algérienne, la cérémonie d'investiture s'est déroulée en présence de toutes les hautes instances du pays.

Abdelkader Bensalah, président de la Chambre haute et qui a assuré l'intérim bien au-delà du délai de trois mois prévu par la Constitution, était ainsi présent. 

Le président du Conseil consitutionnel a affirmé lors de cette cérémonie d'investiture que la présidentielle avait compté "8 millions de votants sur plus de 24 millions d'électeurs inscrits". 

Abdelmadjid Tebboune a recueilli 58,13% des voix au premier tour du scrutin, selon les résultats définitifs proclamés lundi 16 décembre d'une élection présidentielle fortement contestée.

A 74 ans, il succède à Abdelaziz Bouteflika, resté 20 ans à la tête du pays et contraint à la démission en avril par un mouvement ("Hirak") de contestation populaire massif du régime.

"Main tendue" au Hirak

Ce "Hirak", qui agite l'Algérie depuis le 22 février, rejetait l'organisation du moindre scrutin par le "système" au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1962, dont il réclame le démantèlement et le remplacement par des institutions de transition.

Au lendemain de son élection, M. Tebboune a "tendu la main au Hirak" et lui a proposé un "dialogue afin de bâtir une Algérie nouvelle", pour mettre fin à la crise politique en Algérie.

Mais dès vendredi, et une nouvelle fois mardi, une foule nombreuse a conspué le chef de l'Etat fraîchement élu, réaffirmant que le "Hirak" se poursuivrait.

Conversation avec Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi Abdelmadjid Tebboune, ont indiqué les deux présidences, divergeant sur les termes de la conversation.

Dans un communiqué cité par l'agence de presse officielle algérienne APS, la présidence algérienne a indiqué que M. Macron avait adressé ses "chaleureuses félicitations" à M. Tebboune pour "la confiance que lui a accordée le peuple algérien lors de l'échéance électorale du 12 décembre".

La présidence française de son côté ne fait état que de "voeux sincères de succès" adressés à M. Tebboune lors de cette conversation téléphonique.

"La France se tient aux côtés de l'Algérie dans ce moment important de son histoire" et "les deux chefs d'Etat sont convenus de travailler ensemble au développement des relations d'amitié, de respect et de confiance entre la France et l'Algérie et à la coopération sur les crises régionales", a ajouté l'Elysée.

Dans une première réaction à l'annonce vendredi des résultats préliminaires par l'Autorité électorale, M. Macron avait simplement "pris note" de "l'annonce officielle" de la victoire de M. Tebboune.

Interrogé au sujet de cette réaction pour le moins tiède, M. Tebboune avait indiqué: "Je ne lui répondrai pas (...) moi j’ai été élu par le peuple algérien et je ne reconnais que le peuple algérien".

Face à la crise politique inédite en Algérie, la France, liée par une relation étroite et tumultueuse avec son ancienne colonie, est restée jusqu'ici très prudente.

"La marche va se poursuivre"

La contestation réclame, après la démission de M. Bouteflika, le démantèlement de l'ensemble du "système" au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1962 et son remplacement par des institutions de transition. Elle refusait qu'il organise le moindre scrutin, vu comme un moyen pour lui de se régénérer.

Aux cris de "les élections sont truquées, il n'y a pas de légitimité, la marche va se poursuivre", des manifestants ont défilé par milliers mardi dans le centre d'Alger, affimant "Tebboune, nous allons t'écarter d'El Mouradia", le palais présidentiel.

De nombreuses pancartes affichaient leur rejet de son offre d'un "dialogue" pour "une Algérie nouvelle". M. Tebboune a notamment promis d'"amender la Constitution" et de soumettre le nouveau texte à référendum.

"La révision de la Constitution doit avoir lieu avec un président légitime", pouvait-on lire mardi sur une des pancartes dans la manifestation.

Moins de 40% des électeurs (39,88%) se sont rendus aux urnes, la participation la plus faible de toutes les élections présidentielles pluralistes en Algérie, et le "Hirak" -comme plusieurs analystes- assure en outre que le chiffre est gonflé.

Des associations ont également dénoncé mardi l'usage par la police,  la veille et le jour du scrutin, de balles en caoutchouc contre des manifestants pacifiques, indiquant avoir recensé une dizaine de personnes blessés à l'oeil, certaines grièvement.