Fil d'Ariane
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois dimanche l'arrestation à la mi-novembre à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Il l'a qualifié d'"imposteur" envoyé par la France, selon le site d'information algérien TSA.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors de la campagne présidentielle le 18 août 2024 à Constantine. (AP Photo)
"Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l'Algérie appartient à un autre Etat", a déclaré M. Tebboune, dans un extrait d'un discours officiel, rapporté par TSA.
Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d'un père d'origine marocaine et d'une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'Etat et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.
Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir à Alger aurait mal pris des déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.
Ceux (en France, ndlr) qui disent que nous avons laissé un paradis à l'Algérie devraient savoir que 90% du peuple algérien était analphabète au moment de l'indépendance.
Le président Tebboune
L'auteur de "2084: la fin du monde", naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal, qui sanctionne "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'Etat, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".
Dans un "discours à la nation" prononcé devant les deux chambres du Parlement, le président Tebboune, réélu pour un deuxième mandat début septembre, s'en est pris vivement à la France, selon des extraits en arabe publiés sur le site officiel de la présidence.
"Ceux (en France, ndlr) qui disent que nous avons laissé un paradis à l'Algérie devraient savoir que 90% du peuple algérien était analphabète au moment de l'indépendance", a souligné M. Tebboune, estimant que "la colonisation (1830-1962, ndlr) a laissé l'Algérie en ruines (...) ils doivent admettre qu'ils ont tué et massacré des Algériens".
Sur le dossier du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole dont le Maroc contrôle 80% du territoire mais qui est revendiquée par les indépendantistes du Front polisario soutenus par l'Algérie, le président Tebboune a estimé qu'il s'agissait d'"une question de décolonisation et d'autodétermination".
Selon lui, le plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" défendu par Rabat est "une idée française, pas marocaine".
Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines sur le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.