Fil d'Ariane
Les autorités algériennes ont expulsé plus de 1800 migrants subsahariens à la frontière nigérienne lors d’une opération inédite menée durant le mois d'avril, selon un groupe de défense des droits des migrants basé au Niger.
En 2018, trois hommes se dirigent vers le nord en direction de l'Algérie après avoir franchi le poste frontière d'Assamaka, dans le nord du Niger. L’Organisation internationale pour les migrations estimait qu’environ deux migrants mouraient dans le désert pour chaque migrant connu ayant péri en traversant la Méditerranée.
Alarme Phone Sahara (APS), qui surveille les mouvements migratoires à travers la région, a indiqué que les migrants subsahariens avaient été transportés par bus vers un lieu isolé dans le désert, connu sous le nom de « Point Zéro », après avoir été détenus dans diverses villes algériennes.
Abdou Aziz Chehou, le coordinateur national du groupe, a confié à l’Agence de presse AP que 1 845 migrants sans statut légal en Algérie étaient arrivés dans la ville frontalière nigérienne d’Assamaka, après leur expulsion le 19 avril. Cela porte à plus de 4 000 le nombre de migrants expulsés à Assamaka ce mois-ci, a-t-il précisé.
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Ce chiffre n’inclut pas ceux qui pourraient tenter de retourner vers le nord en Algérie, a ajouté Chehou. Ces grandes déportations surviennent dans un contexte de tensions croissantes entre l'Algérie et ses voisins du sud, le Niger, le Mali et le Burkina Faso, désormais gouvernés par des régimes militaires ayant évincé les gouvernements élus, auparavant en bons termes avec Alger. Plus tôt ce mois-ci, les trois pays ont rappelé leurs ambassadeurs d’Algérie en raison de différends liés à la sécurité des frontières.
Pour de nombreux migrants fuyant la pauvreté, les conflits ou les effets du changement climatique, l’Algérie reste un pays de transit clé sur la route vers l’Europe.
Les migrants traversent souvent des vastes étendues dangereuses du désert du Sahara avant de tenter de franchir la Méditerranée. Cependant, l’intensification des patrouilles maritimes a bloqué de nombreux migrants dans des pays de transit en Afrique du Nord, qui ne respectent pas toujours les droits humains.
APS a indiqué que plus de 30.000 migrants ont été expulsés d’Algérie, rien qu’en 2024. Des déportations similaires ont été signalées dans les pays voisins, notamment le Maroc, la Libye et la Tunisie.
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Ni les autorités algériennes, ni les autorités nigériennes ne se sont exprimées publiquement au sujet des expulsions les plus récentes, rarement couvertes par les médias algériens.
Par le passé, les autorités nigériennes ont critiqué de telles opérations comme étant des violations de l'accord de 2014 ne permettant que le retour des ressortissants nigériens à travers la frontière.