Algérie : pourquoi la dissolution de l'association de jeunesse RAJ est un choc

Un des principaux mouvement de la jeunesse algérienne vient d'être dissout. Ce 13 octobre, le tribunal administratif d'Alger a mis fin à l'existence du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ). Cette ONG avait été aux premiers rangs du mouvement pro-démocratie Hirak. Cette décision est un "choc" pour les militants des droits humains. Réactions de Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme. 
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Manifestation du Hirak dans les rues d'Alger en avril 2021
Manifestation de soutien au Hirak dans les rues d'Alger le 2 avril 2021. Les autorités algériennes ont dissout le Rassemblement Actions Jeunesse, qui soutenait le Hirak, le 13 octobre 2021.
© AP Photo/ Fateh Guidoum
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Said Salhi ne cache pas sa colère. Joint par téléphone, le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme accuse le régime algérien de poursuivre sa répression contre le Hirak, le mouvement pro-démocratie.
"Ça me choque", témoigne Said Salhi.
 

C'est un acharnement sur une association qui symbolise les acquis de la révolution de 1988.
Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme

Le militant des droits humains rappelle que l'association est née dans les années qui ont suivit la première révolte de la jeunesse en 1988 contre le régime algérien. La dissolution du RAJ est un "acharnement sur une association qui symbolise les acquis de la révolution de 1988", constate Said Sahli.

Le Ministère de l’Intérieur avait demandé la dissolution du RAJ auprès du tribunal administratif. Le gouvernement algérien reproche au mouvement de jeunesse "d'agir en violation de la loi sur les associations". Dans un communiqué publié fin septembre, le RAJ avait rejeté ces accusations "basées essentiellement sur les activités publiques de l'association durant le Hirak"

Plusieurs membres de RAJ, notamment son président Abdelouahab Fersaoui, âgé de 39 ans, avient déjà fait l'objet de poursuites judiciaires. Jusqu'à neuf d'entre eux avaient été incarcérés, dont son ancien président, Hakim Addad.

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Arrêté en octobre 2019 lors d’une manifestation de soutien à des détenus du Hirak,  Abdelouahab Fersaoui a été condamné quelques mois plus tard à un an de prison pour "atteinte à l'intégrité du territoire national". Il a purgé six mois de prison entre fin 2019 et mai 2020.

Le RAJ, sous la direction de Abdelouahab Fersaoui, a joué un rôle important dans l’organisation de la conférence du 15 juin 2019. Cette conférence a réuni un grand nombre d’acteurs politiques et de la société civile actifs dans le Hirak pour en définir la feuille de route politique. Il l'expliquait dans une interview au quotidien algérien El Watan en mai 2021 : "Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de capitaliser les deux ans du mouvement populaire, de nous rencontrer, d’échanger pour pouvoir rapprocher les visions des acteurs et des forces du Hirak restés fidèles, créer des jonctions et des synergies. Nous avons pratiquement tous le même objectif, mais chacun l’exprime à sa manière ".

Le mouvement est un espoir pour la jeunesse algérienne.

Said Salhi, LADDH

Le RAJ, nous rappelle Said Salhi, de la LADDH, a été fondé en 1993. Le mouvement représente, selon le militant des droits humains, "un espoir pour la jeunesse algérienne". Cette association "fait un travail remarquable" et offre une alternative à ceux qui "cherchent une voie suicidaire en traversant la mer" rajoute-t-il. Mais plus encore, le RAJ avait une forte implication dans le Hirak "en tant qu’acteur de cohésion de la société civile". Il était une "main tendue", un "espace de négociation" entre les mouvements et le pouvoir. Et visiblement, le pouvoir ne veut plus de ça : "Nous vivons une situation de régression".

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Le RAJ n’est pas le seul visé, selon Said Salhi. L’association SOS Bab El Oued et plusieurs mouvements politiques comme le Parti Socialiste des Travailleurs et l’Union pour le changement et le progrès ont été inquiétés ou dissouts, ou leurs dirigeants incarcérés.

De son côté, l’association a déclaré dans un communiqué qu’elle n’abandonnerait pas son combat et que ses avocats vont faire appel de la décision : "Malgré cette décision injuste et aberrante, le RAJ va se battre et défendre l'association pour qu'elle continue à exister sur le terrain." 


Plus de 200 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie pour des motifs politiques selon le Comité national pour la libération des détenus.