La campagne présidentielle algérienne s’est achevée dimanche 13 avril avec un grand absent, probablement aussi le futur gagnant de ce scrutin : Abdelaziz Bouteflika (lire
notre article sur sa campagne). A 77 ans, le président sortant, affaibli par un arrêt vasculaire cérébral, a fait campagne dans l’ombre. Ses émissaires s’en sont chargé à sa place jusqu’au dernier meeting de
dimanche. Pourtant, samedi 12 avril au soir, Bouteflika a donné de sa voix (affaiblie) lors d'une audience accordée au chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Garcia-Margallo. Le président sortant a accusé de « terrorisme » son principal rival : Ali Benflis, ancien Premier ministre. Ce dernier n’a cessé de dénoncer les risques de fraude du scrutin présidentiel de jeudi 17 avril. L’élection de 2004 garde, pour lui, un goût amer après sa défaite humiliante avec seulement 6% des voix contre 85% pour Bouteflika. L’ancien Premier ministre qui donnait un entretien au quotidien français
Le Monde du mercredi 16 avril confie : « Si l’élection se passe normalement, j’accepterai le verdict du peuple, mais la fraude a déjà commencé. » Même si Bouteflika est soutenu par une partie de la population, cette campagne a soulevé dans le pays des contestations qui peinent à s’exprimer. L’ONG
Amnesty International a accusé lundi 14 avril, les autorités algériennes d’avoir fait taire les critiques et limité la liberté d’expression en vue de l’élection présidentielle. « Le manque de débat ouvert et les limites posées au droit de critiquer ou de protester pour exprimer des doléances sociales ou des demandes politiques jettent le doute » sur ce scrutin, estime Amnesty International. Si les débats émergent peu publiquement, les sujets de colère populaire ne manquent pas en Algérie. Le pays est en proie à des troubles économiques et sociaux alimentés par la corruption qui a entaché les mandats du président Bouteflika. Les rentes pétrolière et gazière de l’Algérie sont en berne depuis ces quatre, cinq dernières années (voir l’infographie en encadré). Avec un PIB sept fois inférieur à celui de la France, le salaire minimum est de 180 euros. La jeunesse algérienne est fortement touchée dans un pays où le taux officiel du chômage de 9,8% serait, selon les estimations, deux fois plus élevé. Mais sur les réseaux sociaux, les jeunes opposants ou satiristes s’expriment sur la politique du pays. C’est le cas notamment du mouvement d’opposition
Barakat « ça suffit » (lire
notre article) né après l’annonce le 22 février 2014 d’une nouvelle candidature de Bouteflika. Ce mouvement a annoncé lundi 14 avril qu’il ne reconnaîtra pas le président vainqueur de ce scrutin. Une élection qu’il considère comme « un processus d’intronisation » de Bouteflika. L’un des porte-paroles du mouvement, Hocine Redjala, est présent sur le plateau de TV5MONDE pour expliquer l’appel au boycott de l’élection lancé par son mouvement. Avec son interlocuteur Abdou Benjoudi, membre d'Action citoyenne pour l'Algérie, opposant au pouvoir, ils débattent de quoi souffre l'Algérie, des aspirations de la société civile et des aspirations des jeunes Algériens.