Fil d'Ariane
Les faits remontent au 15 octobre 2020. Sur le site d'information arabophone Essafir broadcast, dont il est rédacteur en chef, Abdelhakim Setouane, publie un article dans lequel il révèle une relation extraconjugale du président de la chambre basse du Parlement algérien, Slimane Chenine.
Cinq jours plus tard, il est placé en détention provisoire, poursuivi pour "diffamation", "atteinte à la vie privée", "chantage journalistique" et "publication d’informations malveillantes".
L'étau se resserre de plus en plus sur les médias et les journalistes algériens"
Rania Chebbi, responsable de la rédaction au bureau Afrique du Nord de RSF
Le 15 mars 2020, après 5 mois passé à la prison d’El-Harrach à Alger, le tribunal algérois de Sidi M'hamed requiert 18 mois de prison ferme contre le journaliste. Un "réquisitoire disproportionné" pour l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
Mais une autre particularité du procès interroge RSF et les avocats d’Abdelhakim Setouane. Le procès est intenté, non pas par le principal intéressé, Slimane Chenine - qui n’a pas porté plainte - mais par le ministère de la Communication. Il se porte également partie civile, fait inhabituel comme le souligne un communiqué d'RSF.
Tous les médias sont désormais dans le collimateur du gouvernement
Rania Chebbi, responsable de la rédaction au bureau Afrique du Nord de RSF
"C’est une première en Algérie. Le ministère de la Communication n’a pourtant aucune qualité à se constituer partie civile dans le procès d’autant que ce n’est même pas un tiers", constate Rania Chebbi, responsable de la rédaction au bureau Afrique du Nord de RSF. "Cela montre que l'étau est en train de se resserrer de plus en plus sur les médias et les journalistes algériens".
Ce lundi 15 mars, le tribunal d’Alger requiert finalement 6 mois de prison ferme contre Abdelhakim Setouane. S’il doit quitter la prison le 20 avril prochain, le mal est fait. "Ce sont six mois de trop, ce n’est pas acceptable", martèle Rania Chebbi qui dénonce "une peine ubuesque" aux vues des faits reprochés.
Faire condamner un journaliste de cette rédaction montre que la politique des autorités envers les médias et les journalistes est en train de se durcir
Rania Chebbi, responsable de la rédaction au bureau Afrique du Nord de RSF
En contact avec les avocats d’Abdelhakim Setouane, Rania Chebbi nous informe que ces derniers ont prévu de faire appel.
Khaled Drareni est directeur du site d'information Casbah Tribune et correspondant pour. TV5MONDE et RSF en Algérie.
Il avait été condamné en appel le 15 septembre 2020 à 2 ans de prison ferme pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale". Le 10 août 2020, il avait été condamné à 3 ans de prison ferme. Khaled Drareni aura passé près de onze mois derrière les barreaux, entre le 29 mars 2020 et le 19 février 2021. Khaled Drareni doit être rejugé après que la Cour suprême a accepté le 25 mars le pourvoi en cassation présenté par ses avocats.