En Angola, l’heure est aux hommages en mémoire de l'ex-président José Eduardo dos Santos, décédé à 79 ans et qui a régné sans partage pendant 38 ans. Son héritage est controversé, quelques jours après une élection tumultueuse dont les résultats définitifs se font toujours attendre.
L'ancien chef d'État (1979-2017) José Eduardo dos Santos n’a jamais directement été élu à ces fonctions. Il est mort le mois dernier à 79 ans dans une clinique de Barcelone en Espagne après avoir passé près de 40 ans au pouvoir.
Accusé d'avoir détourné des milliards au profit de sa famille et de ses proches, celui qui a été surnommé “Zedu” dans le pays est pourtant resté très populaire auprès de ses partisans. Avant des funérailles nationales dimanche, son cercueil a été exposé dans la matinée sur une place de la capitale Luanda pour permettre au public de se recueillir. Une douzaine de chefs d'État et de gouvernement sont attendus pour la cérémonie officielle.
Le cortège funèbre transportant le cercueil, couvert d'un drapeau angolais, est entré sur la place de la République encadré par des motards et la police montée, ont constaté des journalistes de nos confrères de l'AFP. Des drapeaux noirs ont été déployés sur l'immense esplanade, proche de l'océan, tandis que des haut-parleurs diffusaient de la musique religieuse. Des groupes se sont rassemblés sur le bord des routes, certains pleurant, d'autres chantant.
Un scrutin historiquement serré
Ces hommages interviennent quelques jours après le vote des Angolais pour choisir leurs députés, dans un scrutin qui décidera du prochain président. Dans l'ancienne colonie portugaise, indépendante depuis 1975, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives est investie aux fonctions de chef de l'Etat. Les résultats définitifs du scrutin n'ont pas encore été divulgués. Il s'agit des élections les plus serrées de l'histoire du pays.
Le parti de l'ancien chef d'Etat, le MPLA, au pouvoir depuis 47 ans, est en tête, selon les résultats préliminaires de la commission électorale. Le président sortant, Joao Lourenço, 68 ans, est proche d'un second mandat. Mais avec 51,07% sur la quasi totalité des suffrages exprimés (97,03%) l'ancien parti unique enregistre son plus mauvais score, si ces résultats sont confirmés.
L'opposition, avec jusqu'ici 44,05% des voix, conteste ces résultats. Leur chef de file Adalberto Costa Junior a appelé à la création d'une commission de vérification. Les observateurs étrangers ont exprimé vendredi des "préoccupations" notamment à propos des listes électorales. Sur des promesses de réformes, d'enrayer pauvreté et corruption, l'opposition a gagné du terrain. Inflation galopante, sécheresse sévère et chômage nourrissent un désir croissant de changement.
L’Angola peine à sortir du marasme économique
Costa Junior, 60 ans, séduit la jeunesse, une part grandissante de l'électorat, qui rejette l'héritage de dos Santos, symbole de corruption et népotisme. Ce dernier a fait de l'Angola, riche en ressources naturelles, l'un des premiers producteurs de pétrole du continent avec le Nigeria. Mais il s'est servi de cette manne pour s'enrichir avec ses proches.
Successeur désigné, Joao Lourenço s'est affranchi du système en menant une vigoureuse campagne anticorruption. Il a aussi mené des réformes, saluées à l'étranger, pour sortir l'économie de sa dépendance au pétrole. Beaucoup jugent que cette campagne anticorruption visait à régler des comptes avec le clan dos Santos."
Selon les premiers résultats, nous avons une majorité confortable", a déclaré plus tôt dans la semaine à la presse le porte-parole du parti, Rui Falcao. Mais si ces résultats sont confirmés, il s'agirait du score le plus bas jamais enregistré par le MPLA.
Malgré dix ans de croissance après la fin de la guerre civile (1992-2002), l'Angola reste à ce jour un des pays les plus pauvres de la planète. Deuxième exportateur de pétrole d'Afrique subsaharienne, il ne produit qu'environ 20% des produits raffinés dont il a besoin. Plus de la moitié des 33 millions d'Angolais vivent encore sous le seuil de pauvreté en 2020, selon la Banque mondiale.