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A Luanda, les moto-taxis subissent la crise du pétrole.
©TV5Monde - Reportage Caroline Dumay
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Angola : l'économie, premier défi du nouveau président

Les Angolais sont appelés aux urnes pour des élections générales mercredi 23 août. Le parti vainqueur désignera le prochain président. Le pays est riche, avec d'immenses réserves pétrolières, mais sa population reste une des plus pauvres au monde. Un motif de contestation et un argument de campagne pour l'opposition.
Dans les rues de Luanda, Adilson Nascimento slalome entre les voitures avec sa moto-taxi. Il a décidé de se lancer dans l'activité il y a deux ans. Depuis, il a réussi à faire son trou dans cette gigantesque capitale où les transports publics sont quasiment inexsitants. A vingt ans, il gagne l'équivalent de cinq euros par jour, soit deux fois plus que la majorité des Angolais, mais l'activité n'est plus aussi rentable depuis la chute des cours du pétrole. « Avant l'essence n'était pas chère, on faisait le plein une fois par jour mais maintenant il n'y a pas suffisamment de clients donc je n'ai pas assez de cash », raconte-t-il.

Le rêve angolais promis par le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), le parti au pouvoir, paraît inaccesssible à beaucoup. Crise économique, marché noir, inflation... l'opposition utilise ces arguments et fait campagne dans les quartiers pauvres, en misant sur une jeunesse qui se sent exclue du boom pétrolier.

Du boom pétrolier à la crise économique

L'Angola est, avec le Nigeria, un des deux principaux pays producteurs de pétrole d'Afrique subsaharienne et tire la majorité de ses ressources de l'exploitation des hydrocarbures. Mais depuis 2014 et la chute des cours du brut, le pays a plongé dans une crise économique profonde. « Un des enjeux principaux est de diversifier l'économie, de faire en sorte que les richesses du pays puissent être plus diverses et ainsi toucher plus de gens », analyse Didier Péclard, rédacteur en chef à la revue Politique Africaine. 
 
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Le pays est riche mais sa population reste pauvre : selon la Banque mondiale, le PNB (Produit national brut) par habitant s'élevait à 3 440 dollars en 2016. L'Angola est aussi classé 164e sur 176 pays au dernier classement de l'ONG Transparency International sur la corruption.

Rafael Marques, figure d'une société civile naissante

Pour Rafael Marques, journaliste d'investigation à Maka Angola, le responsable de la situation est le MPLA. Dans ses enquêtes, il dénonce régulièrement la corruption des élites au pouvoir. Inquiété de très nombreuses fois par le régime, il ne baisse pas les bras : « Il n'est jamais trop tard pour restaurer la dignité des gens, mon travail est d'écouter et de permettre à ces gens d'avoir une voix. »
Pour un reportage sur les biens mal acquis d'un haut magistrat, il risque aujourd'hui six ans de prison. Le journaliste n'a jamais tremblé devant le pouvoir et se sent même de plus en plus soutenu. « J'ai l'impression que beaucoup de choses ont changé. Le nombre de messages critiques de gens affiliés au régime et la façon dont ils se battent avec humour contre la propagande, c'est remarquable ! »,  assure-t-il. Certains n'ont effectivement plus peur de manifester publiquement leur soutien à Rafael Marques quand il est arrêté. En l'emprisonnant, les autorités lui ont finalement assuré sa notoriété.
 
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Rafael Marques, le journaliste d'investigation qui fait trembler le pouvoir
Pourtant, pas de quoi réellement inquiéter le MPLA. Après 38 ans au pouvoir, José Eduardo dos Santos a décidé de ne pas se représenter mais, sauf énorme surprise, ce sera son dauphin Joao Lourenço, actuel ministre de la Défense, qui prendra les rênes du pays.