Ce mercredi 23 août se tiennent les élections générales dans ce pays du sud-ouest de l’Afrique : le parti qui remporte les législatives désigne le président. Et sauf énorme surprise, ce sera le dauphin de l’actuel président dos Santos, Joao Lourenço, qui prendra les rênes du pays. «Le camarade numéro un » restera, lui, à la tête du parti qui dirige l’Angola depuis trente-huit ans.
Cela fait vingt ans que José Eduardo dos Santos se cherche un successeur, ou du moins fait semblant de le faire. C’est l’actuel ministre de la Défense et membre du Premier cercle du pouvoir, Joao Lourenço, qui prendra finalement la relève. Il avait essayé de propulser son fils, José Filomeno de Sousa dos Santos, à la tête de l’Etat. Mais les cadres du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), son parti, n’ont pas applaudi des deux mais cette initiative. Dos Santos fils doit se contenter de diriger le fonds souverain de l’Angola disposant d’environ 4,3 milliards de dollars.
Joao Lourenço est donc le candidat du MPLA, qui dirige le pays d’une main de fer depuis presque quatre décennies. Cinq autres partis sont en lice dont l’Unita –l’adversaire historique du parti de dos Santos- et le Casa-Ce. Un nouveau parti qui attire de plus en plus un public urbain et éduqué traditionnellement séduit par le MPLA. Celui qui remportera les législatives pourra désigner le président.
Le grand favori du scrutin hérite d’un système hégémonique. Schématiquement parlant, le chef de l’Etat contrôle la politique en dirigeant le MPLA, sorti victorieux d’une longue guerre civile. Sa famille, elle, détient le pouvoir économique. A la tête de la Sonangol, la société nationale d’hydrocarbures, sa fille Isabel dos Santos est la femme la plus riche d’Afrique. Elle a entre ses mains la colonne vertébrale du pays.
C’est précisément la manne pétrolière angolaise (et les diamants en moindre mesure) qui a permis au camarade dos Santos d’assoir son autorité. Mais la chute du prix du baril a mis en évidence les difficultés du pays qui fait face aujourd’hui à une crise économique. Cette ancienne colonie portugaise est avec le Nigeria l’un des deux principaux pays producteurs de pétrole d’Afrique subsaharienne reste l’un des plus pauvres du contient.
« Le gouvernement a feint de vouloir diversifier l’économie en donnant la priorité à l’agriculture commerciale et à l’industrialisation. En vain. Des dizaines de milliards de dollars ont été dépensés dans des grandes infrastructures souvent défaillantes après la saison des pluies », résume le spécialiste de l’Angola Ricardo Soares de Oliveira interviewé par Le Monde.
Ces difficultés seront donc l’héritage de Joao Lourenço qui n’aura pas la même marge de manœuvre que son prédécesseur. Si son élection est assurée, moins l’est le confort avec lequel il pourra gouverner. La plus grande partie de la population ne cache pas son mécontentement. Les promesses non tenues, les inégalités sociales qui se creusent sans cesse et la crise économique alimentent la colère des Angolais. José Eduardo dos Santos sera aux premières loges pour voir son dauphin manœuvrer. A 74 ans, il continuera de présider le MPLA.