Attaque au colis piégé en Centrafrique : l'ambassadeur de France à Moscou convoqué

L'affaire du colis piégé qui a blessé un représentant russe à Bangui a des répercussions sur les relations diplomatiques dégradées entre Paris et Moscou. La Russie convoque ce 21 décembre l'ambassadeur de France à Moscou après que la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a qualifié de "propagande russe" les accusations portées contre la France par le patron de Wagner, la société paramilitaire russe très présente en Centrafrique.
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Catherine Colonna à Rabat
Catherie Colonna a démenti les accusations de la Russie lors de son déplacement à Rabat, Maroc, le 16 décembre 2022. Elle a qualifié ces informations comme "un bon exemple de la propagande russe et de l'imagination fantaisiste qui caractérise parfois cette propagande".
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"Il a été signifié à l'ambassadeur français (Pierre Lévy) le caractère inadmissible de (ces) nouvelles accusations contre la Russie concernant la diffusion de 'propagande' et des 'violences envers la population civile' de Centrafrique de la part de supposées structures militaires russes privées", a indiqué la diplomatie russe. 

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"Nous appelons les autorités françaises à s'abstenir d'adopter une approche néo-coloniale dans leur travail dans la région, en disant aux partenaires africains avec qui ils doivent être amis et coopérer, ou en créant une hystérie antirusse", a poursuivi cette source dans un communiqué.

Les accusations d'Evguéni Prigojine

La Russie a affirmé que l'un de ses représentants en Centrafrique avait été grièvement blessé le 16 décembre à Bangui, la capitale, par l'explosion d'un colis piégé. Une attaque qu'Evguéni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, très présent dans le pays, avait immédiatement imputée à la France.
 
Cette information est fausse et c'est même un bon exemple de la propagande russe et de l'imagination fantaisiste qui caractérise parfois cette propagande.
Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères
La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, avait ensuite rapidement démenti ces accusations de Wagner.

"Cette information est fausse et c'est même un bon exemple de la propagande russe et de l'imagination fantaisiste qui caractérise parfois cette propagande", avait-elle déclaré à l'AFP.

"Cette milice (Wagner) se livre à des exactions regrettables sur les populations civiles et il y aurait beaucoup à dire sur elle, mais ce n'est pas le moment aujourd'hui", avait-t-elle ajouté.

Un colis provenant du Togo

Le colis piégé provenait du Togo et l'expéditeur a été identifié, selon les premiers éléments de l'enquête, a déclaré le 20 décembre à l'AFP le procureur de Bangui.

Le même jour, le ministère russe des Affaires étrangères avait évoqué un "acte criminel" visant à "nuire au développement des relations amicales" entre Moscou et Bangui, sans toutefois désigner de commanditaire présumé. 
 
Cette explosion d'origine criminelle est susceptible d'être qualifiée d'acte terroriste.
Benoît Narcisse Foukpio, procureur de la République de Bangui
Le 18 décembre, la Centrafrique a "condamné fermement" les faits et annoncé l'ouverture d'une enquête, réaffirmant que "cette attaque ne saurait entamer les excellentes relations entre la République Centrafricaine et la fédération de Russie".  

"Cette explosion d'origine criminelle est susceptible d'être qualifiée d'acte terroriste", a indiqué le procureur de la République de Bangui, Benoît Narcisse Foukpio, dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le colis "contenant un engin explosif a été expédié au responsable de la maison russe de Bangui (...) en provenance de la ville de Lomé", la capitale du Togo, a-t-il ajouté, précisant avoir identifié l'expéditeur.

Le colis a été envoyé "par le service international de la société DHL (une société de transport, ndlr) sur un vol de la compagnie Kenya Airways", a-t-il conclu. 

La France accuse régulièrement le groupe Wagner d'orchestrer des manipulations des opinions publiques contre la France dans plusieurs pays africains, notamment en Centrafrique, et de s'y livrer à de la prédation économique sous couvert de contrats de protection des gouvernements.