36 civils ont été tués lundi 20 janvier après avoir essuyé les tirs d'un groupe terroriste armé au marché de Nagraogo, au Burkina Faso. L'assaut a eu lieu alors que le Parlement a adopté une loi permettant le recrutement de volontaires locaux dans la lutte anti-djihadiste.
"Ils roulaient à moto dans le marché et ils tiraient", a raconté à l'AFP Robert Ousseni Sawadogo, rescapé de la tuerie lundi dans la province Sanmatenga (nord du Burkina Faso), qui a coûté la vie à 36 civils dans les villages de Nagraogo et Alamou.
Lundi 20 janvier,
"un groupe armé terroriste" a fait irruption au marché de Nagraogo, y a abattu 32 personnes,
"brûlé le marché et, dans son repli, (en) a abattu quatre autres au niveau du village d'Alamou", selon le gouvernement.
"Ils étaient une quarantaine, sans exagérer. Ils sont venus à moto, la moitié partait d'un côté et l'autre de l'autre coté, ils étaient enturbannés. On ne voyait pas leur visage. Ils roulaient vite. Ils roulaient dans le marché et ils tiraient. J'ai eu la chance de pouvoir m'échapper", assure Robert Ousseni Sawadogo, un mécanicien de 27 ans, le regard dans le vide, le visage marqué par la peur.
Balle dans le casque
Il réparait des motos à ce moment-là. Il affirme que les djihadistes, sûrs d'eux, étaient venus à Nagraogo deux jours auparavant :
"Je ne les ai pas vus, mais on m'a dit qu'ils avaient dit aux gens de dire aux FDS (Forces de défense et de sécurité) qu'ils étaient là et qu'ils n'avaient pas peur d'eux. Ils sont repartis. Deux jours après, ils sont revenus, alors que des FDS étaient venus au village et sont ensuite allés ailleurs".
Depuis, des centaines d'habitants ont fui la zone pour aller vers le Sud, dépassant des camps de déplacés pour rallier Kaya, à une centaine de kilomètres au nord de Ouagadougou, la capitale.
Le président Roch Marc Christian Kaboré a décrété un
"deuil national de 48 heures" en hommage aux victimes.
"Durant cette période, les drapeaux sont mis en berne sur tous les édifices publics. Les réjouissances populaires, les manifestations à caractère récréatif sont interdites".
Située juste en dessous de la province du Soum (frontière malienne), la province de Sanmatenga est également très touchée par les attaques djihadistes. Elle accueille de nombreux camps de réfugiés et déplacés internes.
Une loi pour recruter des volontaires locaux
Le Parlement a adopté mardi à l'unanimité une loi permettant le recrutement de volontaires locaux dans la lutte antjihadiste. Après une formation militaire de 14 jours, ces volontaires exerceront des missions de surveillance, d'information et de protection. Leur tâche sera notamment de défendre le territoire sur leur lieu de résidence en cas d'attaque en attendant que les FDS s'y déploient.
Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes, qui ont fait plus de 750 morts et 560.000 déplacés depuis 2015. Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l'ordre burkinabè n'arrivent pas à enrayer la spirale de violences djihadistes.
Selon l'ONU, les attaques djihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019.
Lors du G5 Sahel organisé à Pau le lundi 13 janvier, Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé l'envoi de 220 soldats supplémentaires pour renforcer la force militaire Barkhane qui compte déjà 4 500 militaires français. Ils ont en particulier décidé de
"concentrer immédiatement leurs efforts militaires dans la zone des trois frontières" (Mali, Burkina, Niger)
"sous le commandement conjoint de la Force Barkhane et de la Force conjointe du G5 Sahel", où se sont concentrées les attaques ces derniers mois, en ciblant en priorité le groupe Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS).
Le futur groupement de forces spéciales européennes, baptisé Takuba s'intègrera dans ce commandement conjoint.