La prison à perpétuité a été requise le 21 décembre à Abidjan contre quatre accusés de l'attentat djihadiste de la ville balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam, qui avait fait 19 morts en mars 2016, dont des Européens.
À l'issue d'un réquisitoire de plus de deux heures, le procureur de la République Richard Adou a demandé la perpétuité,
"une peine exemplaire et dissuasive", pour les quatre accusés présents physiquement au procès, qui sont jugés depuis fin novembre.
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14 autres accusés sont en fuite ou détenus au Mali et parmi eux, certains
"cerveaux" de l'opération pour lesquels le procureur a également requis la prison à vie.
Tous sont accusés
"d'actes terroristes, assassinat, tentative d'assassinat, recel de malfaiteurs, détention illégale d'armes à feu et de munitions de guerre et de complicité desdits faits".
Les quatre accusés présents à l'audience, Hantao Ag Mohamed Cissé, Sidi Mohamed Kounta, Mohamed Cissé et Hassan Barry, sont particulièrement soupçonnés d'avoir été des complices de cette attaque, en aidant les cerveaux de l'opération dans le repérage notamment, ce qu'ils nient.
"Il faut décourager les adeptes de ces actes terroristes", a déclaré le procureur au cours de son réquisitoire.
Le 13 mars 2016, trois jeunes assaillants avaient remonté la plage de Grand-Bassam, très fréquentée par des étrangers, puis pris d'assaut plusieurs restaurants, tirant à la kalachnikov sur des clients en terrasse avant d'être abattus par les forces de sécurité ivoiriennes.
Revendiquée par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque jihadiste, la première survenue en Côte d'Ivoire, avait fait 19 morts, dont quatre Français.
"L'horreur et la barbarie"
"La situation du 13 mars 2016 reste inoubliable. Nous avons été confrontés à l'horreur et la barbarie", a lancé le procureur Adou lors de son réquisitoire.
"Au nom de quoi peut-on s'arroger la qualité d'ôter la vie à d'autres à cause de leurs opinions? C'est une attaque contre la Côte d'Ivoire", a de son côté plaidé l'avocat des parties civiles, Amadou Camara.
Outre les quatre Français, neuf Ivoiriens, un Libanais, une Allemande, une Macédonienne, une Malienne, une Nigériane et une personne non identifiée avaient été tués lors de l'attentat et 33 personnes de diverses nationalités blessées.
Au cours du procès, de nombreux témoins de l'attaque, dont le patron d'un des hôtels ciblés et un membre des forces spéciales qui ont abattu les assaillants, sont venus raconter la journée du 13 mars 2016 à la barre.
En janvier 2017, les soldats de la force française Barkhane avaient capturé un suspect-clé, Mimi Ould Baba Ould Cheikh, considéré par les autorités ivoiriennes comme un des cerveaux de l'attentat, et par les autorités burkinabè comme le
"chef des opérations" d'une autre attaque qui avait fait 30 morts à Ouagadougou en janvier 2016.
Perpétrée en représailles aux opérations antidjihadistes Serval et Barkhane menées par la France et ses alliés dans la région du Sahel, l'attaque de Grand-Bassam visait aussi la Côte d'Ivoire qui avait livré des membres d'Aqmi aux autorités maliennes.
(RE)lire : Terrorisme : cinq ans après Grand-Bassam, l’ombre des djihadistes plane sur le golfe de GuinéeEn 2020 et 2021, les forces de défense et de sécurité ont été ciblées par des attaques meurtrières attribuées à des groupes djihadistes dans le nord de la Côte d'Ivoire, qui n'a cependant plus connu d'attentats contre des civils depuis celui de Grand-Bassam.
L'attaque a durement éprouvé le secteur du tourisme dans ce pays, déjà fragilisé par la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait quelque 3.000 morts.
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Le verdict est attendu le 22 décembre.