Fil d'Ariane
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Des dizaines de manifestants se rassemblent ce 8 juillet à Ouagadougou devant le domicile de Roch Marc Christian Kaboré, président renversé en janvier par un putsch. Ils tentent de l'empêcher de participer à une réunion organisée par le pouvoir avec d'autres anciens chefs d'Etat, dont Blaise Compaoré.
Blaise Compaoré, chassé du pouvoir et poussé à l'exil à Abidjan par une insurrection populaire en octobre 2014, est de retour au Burkina Faso depuis le 7 juillet, après huit ans d'exil en Côte d'Ivoire. Il est invité par l'actuel président, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Au pouvoir depuis un putsch le 24 janvier, le lieutenant-colonel Damiba souhaite réunir tous les anciens présidents du pays encore en vie afin d'"accélérer la réconciliation nationale". L'objectif est aussi de trouver une solution pour endiguer la violence jihadiste qui frappe le Burkina depuis 2015.
Le retour de Blaise Compaoré suscite de nombreuses critiques. Parmi elles, il y a notamment concernant la condamnation par contumace, le 6 avril dernier dece dernier pour son rôle dans l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, lors d'un coup d'Etat qui l'avait porté au pouvoir en 1987.
"Devons-nous immoler la justice, socle du pacte républicain, sur l'autel d'une certaine réconciliation nationale ?", s'interroge le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti du président Roch Marc Christian Kaboré, renversé lors du putsch de janvier dernier. Ce sont des militants du MPP qui sont rassemblés ce 8 juillet au matin devant le domicile de Christian Kaboré pour l'empêcher de se rendre à la réunion des anciens chefs d'Etat prévue à la mi-journée.
Ce n'est pas une réconciliation, c'est une mascarade.Boukari Conombo, président du Brassard noir
"Kaboré bouge pas !", scandaient ces quelques dizaines de sympathisants. "Ce n'est pas le rôle de Damiba qui a fait un coup d'Etat de réconcilier les gens. Ce n'est pas une réconciliation, c'est une mascarade", affirme Boukari Conombo, président du Brassard noir, un mouvement de la société civile, également présent.
Au sein de certaines organisations de la société civile, la présence de Blaise Compaoré sur le sol burkinabè a du mal à passer. "Un mandat d’arrêt international a été lancé contre ce dernier qui n’a jamais daigné se présenter devant la justice (...) le Président Blaise Compaoré devrait être immédiatement arrêté et conduit" en prison, estime le Front patriotique qui regroupe une vingtaine d'organisations et de partis politiques.
Cette réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l'impunité ou en opérant des arrangements entre politiciens.Les syndicats burkinabè
"Cette réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l'impunité ou en opérant des arrangements entre politiciens", ont de leur côté renchéri plusieurs centrales syndicales. Blaise Compaoré est à Ouagadougou depuis le 7 juillet. Il devait passer la nuit, selon des sources au sein de son parti, dans son village natal de Ziniaré, à une trentaine de km la capitale.
Outre Roch Marc Christian Kaboré, Isaac Zida qui avait brièvement pris le pouvoir en 2014 et actuellement en exil au Canada, ainsi que Michel Kafando (2014-2015) étaient aussi invités et ont, eux aussi, décliné l'invitation.