Un autre allié de Paul Biya, l'actuel président du Cameroun, vient de se déclarer, samedi 28 juin, candidat à l'élection présidentielle d'octobre 2025. Après Issa Tchiroma Bakary, c'est le ministre d'État du Tourisme et des Loisirs, Bello Bouba Maïgari, qui a annoncé sa candidature.
L'actuel ministre d'État du Tourisme et des Loisirs, Bello Bouba Maïgari, a annoncé, ce samedi 28 juin, être candidat à l'élection présidentielle au Cameroun. "Après les délibérations et l'approbation du comité central, j'ai accepté d'être candidat à l'élection présidentielle en octobre 2025", a déclaré devant la presse, le président de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP)
L'homme politique, âgé de 78 ans, s'exprimait après une réunion extraordinaire de l'UNDP à Yaoundé. Après près de trente ans d'alliance avec le pouvoir, l'UNDP a décidé de rompre avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du président Paul Biya. Bello Bouba Maïgari n'a toutefois pas annoncé sa démission du gouvernement.
Sa candidature répond à une pression croissante des militants et sympathisants du parti, qui réclament depuis plusieurs mois la présentation d'un candidat à la présidentielle. Ils dénoncent la "mal-gouvernance" du pouvoir actuel, la "corruption" ou encore les "injustices criantes" qui, selon eux, fragilisent l'unité nationale.
Ancien Premier ministre (1982-1983), Bello Bouba Maïgari a occupé plusieurs postes ministériels depuis les années 1980.
Contre toute attente, jeudi 26 juin, c'est le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, qui a annoncé sa démission du gouvernement avant d'officialiser sa propre candidature.
(Re)voir Cameroun : pourquoi le ministre de l'Emploi Issa Tchiroma Bakary tourne le dos à Paul Biya
Issa Tchiroma Bakary a affirmé vouloir "en finir avec le vieux système". Il a également appelé à rompre avec "un modèle en place depuis des décennies qui a montré ses limites", et à la réconciliation dans un pays confronté à plusieurs crises : insécurité dans les régions anglophones et dans l'Extrême-Nord, tensions sociales, économie en crise et climat politique tendu à l'approche du scrutin.
Âgé de 75 ans, Issa Tchiroma Bakary est une figure politique bien connue au Cameroun. Il dirige le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), un parti longtemps allié au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Ministre des Transports de 1992 à 1996, puis de la Communication de 2009 à 2019, il a été l'un des plus fervents défenseurs du régime.
Ses deux candidatures interviennent alors que le chef de l'État, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982, n'a pas encore indiqué s'il briguerait un nouveau mandat ou non.
L'UNDP avait déjà pris part à une élection présidentielle. En 1992, son président s'était présenté au scrutin, se classant troisième derrière Paul Biya et l'opposant anglophone John Fru Ndi. Le parti a ensuite rejoint la majorité présidentielle en décembre 1997.
L'entrée en lice de Bello Bouba Maïgari et d'Issa Tchiroma Bakary, tous deux de la partie nord du pays, qui compte environ 40 % du corps électoral national, représentent une reconfiguration importante du jeu électoral au Cameroun.
Ces candidatures, portées par d'anciens soutiens du RDPC, le parti au pouvoir, pourraient fragmenter l'électorat au nord. Ce dernier a longtemps été favorable au parti de Paul Biya. Le socle électoral du président sortant pourrait également être affaibli. Cette dynamique devrait contraindre le pouvoir et l'opposition à ajuster leurs stratégies à l'approche du scrutin.
Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary rejoignent une liste de candidats déjà déclarés : l'opposant Maurice Kamto (MRC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF), Serge Espoir Matomba (PURS) et Akere Muna, désormais soutenu par le parti UNIVERS.
Tous avaient déjà été candidats lors de la présidentielle de 2018. Le dépôt officiel des candidatures à l'élection présidentielle, annoncé pour juin, est encore attendu.