Fil d'Ariane
La vidéo apparaît en juillet 2018 sur les réseaux sociaux. Elle est insoutenable. On y voit deux femmes et leurs très jeunes enfants conduits inexorablement vers la mort par des hommes en armes. Quatre victimes qui seront agenouillées et criblées de balles à bout portant.
Le document a été tourné trois ans plus tôt, en 2015, dans l’extrême-nord du pays, dans la localité de Zeleved, non loin de la frontière nigériane.
Rapidement, le gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête mais affirme que la vidéo est un faux, un “horrible trucage”, qu’il s’agit de “fake news”. Un mois plus tard, changement de ton, sept militaires sont arrêtés.
Les sept hommes sont inculpés de “coaction d’assassinats, violation de consigne et complicité des mêmes faits”. Six soldats sont accusés d’avoir commis les faits, le septième, un capitaine, est présenté comme complice. Tous ont plaidé non coupable et ont demandé à être jugés à huis clos.
Pour leur défense, les six militaires affirment qu’ils n’ont fait qu’obéir aux ordres de leur supérieur hiérarchique. Le capitaine dément et assure qu’il leur avait demandé de remettre à la gendarmerie les deux femmes et leurs enfants, les soupçonnant de liens avec les djihadistes de Boko Haram.
La diffusion de cette vidéo et l’émotion qu’elle a suscitée ont mis l’accent sur les exactions commises sur différents fronts par l’armée camerounaise. Car si dans le cas des sept soldats aujourd’hui devant la justice, il s’agissait d’une zone sous la coupe de Boko Haram, les opérations dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont également donné lieu à des exactions présumées.