Au Congo, nouveau coup de pouce de la Chine face à une dette abyssale

Les présidents congolais Denis Sassou Nguesso et chinois Xi Jinping ont convenu de restructurer la colossale dette congolaise envers Pékin. Cette dette empêche Brazzaville de reprendre des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). La République du Congo fait actuellement face à une crise économique tant structurelle que conjoncturelle provoquée, notamment, par sa dépendance au pétrole.
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Congo Chine Sassou Nguesso et Xi Jinping
Denis Sassou Nguesso et son homologue chinois Xi Jinping, lors d'une visite du président congolais à Pékin en septembre 2018.
© Lintao Zhang/Pool Photo via AP
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"La question de la dette a été évoquée par les deux présidents et le président Sassou Nguesso a posé le problème à son pair (...) en lui faisant une proposition d'une deuxième restructuration". Les deux présidents se sont parlés au téléphone le lundi 21 juin et leur échange a été rapporté par Rigobert Roger Andely, ministre congolais des Finances. "Le président Xi Jinping a approuvé (la demande)", a-t-il ajouté.

"Cette restructuration, c'est pour permettre au pays d'avoir un peu plus de ressources pour faire face à ses propres besoins internes et de lever cet obstacle aux bonnes relations avec le FMI", a expliqué M. Andely. Les experts chinois et congolais sont chargés "de pouvoir en fixer les modalités et les conditions", a-t-il expliqué.

A Pékin, l'agence Chine nouvelle a également évoqué le coup de téléphone entre les deux dirigeants, mais sans faire mention d'une restructuration de la dette congolaise. Xi Jinping a assuré que la Chine encouragerait ses entreprises à investir davantage au Congo, notamment dans les domaines de la santé et de l'agriculture, a précisé l'agence de presse chinoise.

En 2019, la Chine avait déjà restructuré la dette du Congo, ce qui avait permis au pays de conclure un programme axé sur la Facilité élargie de crédit avec le FMI. Mais depuis lors, la dette congolaise évaluée à 110% du Produit intérieur brut (PIB) par le FMI est jugée "insoutenable", la norme communautaire en Afrique centrale étant de 70% du PIB, a expliqué lundi à l'Assemblée nationale le Premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso.

Nous devons tout mettre en œuvre pour rendre la dette publique soutenable.

Anatole Collinet Makosso, Premier ministre de la République du Congo

Le FMI a suspendu son appui. Le pays est doublement frappé par la crise économique et sanitaire due à la baisse des prix du pétrole et la propagation du Covid-19. Le Congo doit à la Chine 1.300 milliards de FCFA (2 milliards d'euros), selon le gouvernement, alors que la dette globale du pays "s'élève actuellement en réalité à 6.016,5 milliards de FCFA (plus de 10 milliards d'euros) au 31 décembre 2020, soit 98% du PIB" a estimé le nouveau Premier ministre Anatole Collinet Makosso, lundi, lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale. 
Détaillant ses "12 grandes batailles", le chef du Gouvernement a estimé qu'il fallait "tout mettre en œuvre pour rendre la dette publique soutenable."

Diversification

Le Congo-Brazzaville est extrêmement dépendant des recettes du pétrole (85% des exportations). Son économie a pâti de la chute des cours depuis 2014, avant d'être durement impactée par la pandémie de Covid-19. 

Pendant la campagne pour l'élection présidentielle du 21 mars dernier, le chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso avait promis de diversifier l’économie nationale, en s’appuyant sur l’agriculture. Le pays dispose certes de 10 millions d’hectares de terres arables, mais à peine 4% sont exploités. Au Congo, les importations annuelles sont estimées à 700 milliards de FCFA (plus de 1,7 milliard d’euros).

Vendredi 18 juin, un poids lourd du gouvernement était intervenu sur le sujet. Le ministre congolais en charge de la Promotion du partenariat public-privé et fils du président Denis Sassou Nguesso, a appelé les opérateurs économiques nationaux et étrangers à diversifier leurs investissements au Congo. 
 
Aux investisseurs étrangers, le ministre Denis Christel Sassou Nguesso a sollicité "un transfert de technologie et d'outils d'innovation afin d'insuffler une grande dynamique aux activités industrielles et commerciales de nos entrepreneurs". Aujourd'hui, "les partenariats publics-privés s'imposent non seulement dans le cadre de la performance de notre administration publique, mais aussi et surtout à contribuer à rendre notre économie beaucoup plus résiliente car nos déséquilibres macroéconomiques commandent que nous fassions autrement", a–t-il estimé.