Fil d'Ariane
Cela faisait deux semaines que la présidence gabonaise n'avait pas communiqué sur l'état de santé d'Ali Bongo. Alors forcément, ce lundi, les mots choisis la veille par le porte-parole du chef de l'État sont décortiqués par la presse. Et largement commentés par la rue.
"Moi ça ne me rassure pas, regrette Ornella Rossonga, cheffe d'entreprise à Libreville. Ce que j'aimerais c'est véritablement une preuve de vie palpable, pourquoi pas une photo ou encore une interview?" "Je déplore le silence de l'opposition comme du pouvoir en place parce que personne ne veut réellement faire de déclaration, dire la vérité sur l'état de santé de Monsieur Ali Bongo.", déclare Gaetan Essalgat Aristide qui habite lui aussi, la capitale gabonaise.
Le porte-parole de la Présidence est resté vague sur le mal qui cloue Ali Bongo sur un lit d'hôpital, à des milliers de kilomètres de la, en Arabie Saoudite. Il serait en train de recouvrer "ses fonctions physiques". Mais aucune mention n'a été faite de ses aptitudes intellectuelles. Le chef de l'État continuerait "d'exercer ses fonctions" à distance donc, et les institutions gabonaises fonctionneraient "dans le respect de la Constitution".
Un message reçu cinq sur cinq par le Bloc Démocratique Chrétien (BDC), membre de la majorité."La présidence de la République vient de rassurer tout le monde, veut croire Guy Christian Mavioga, président du BDC. Donc nous devons à notre tour rassurer la communauté nationale et internationale que le président Ali Bongo est bel et bien vivant et que nous prions et nous continuons de prier pour qu'il puisse rentrer rapidement au pays de manière à ce que nous puissions accélérer le développement de notre Nation."
L'analyse est toute autre du côté du parti Les Démocrates, deuxième force d'opposition au Parlement gabonais. "Le porte-parole dit que les institutions fonctionnent, malheureusement, elles ne fonctionnent pas, affirme Guy Nzouba Ndama, ancien président de l'Assemblée nationale et actuel président du parti Les Démocrates. Parce que lorsqu'il s'agit de la santé du Président de la République, ce n'est pas l'affaire des fonctionnaires, c'est l'affaire du gouvernement. C'est le gouvernement qui doit informer le peuple gabonais de l'évolution de l'état de santé du président de la République."
Le gouvernement qui peut aussi, tout comme les bureaux du Parlement, saisir le Conseil constitutionnel, en cas de vacance du pouvoir. Mais le mot reste tabou au Gabon aujourd'hui. L'hebdomadaire L'Aube a été suspendu trois mois pour avoir frontalement abordé le sujet.