Au Mali, la mine d'or contrôlée par le géant Barrick placée "sous administration provisoire"

La plus grande mine d'or du Mali, majoritairement détenue par le géant canadien Barrick Mining, a été placée « sous administration provisoire » pendant six mois par le tribunal de commerce de Bamako, lundi 16 juillet.

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Des orpailleurs cassent des pierres à Kidal, au Mali

Sur cette photo prise le mardi 23 janvier 2020, des orpailleurs cassent des pierres à Kidal, au Mali. Une ruée vers l'or est en cours dans le nord du Mali, dans une région où opèrent des militants liés à Al-Qaïda, ce qui fait craindre que les nouveaux profits tirés de l'exploitation minière artisanale ne profitent non seulement à l'économie locale, mais aussi aux extrémistes islamiques. Une coalition de rebelles touaregs armés, connue sous le nom de CMA, contrôle la région de Kidal et ses chefs supervisent les activités d'orpaillage. 

AP Photo/Baba Ahmed
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Le tribunal de commerce de Bamako a décidé, lundi 16 juin, de placer "sous administration provisoire" pour six mois la plus grande mine d'or du Mali, majoritairement détenue par le géant canadien Barrick Mining, dernier épisode en date d'un bras de fer que se livrent l'industriel et l'État malien.

La junte au pouvoir avait réclamé cette mesure pour relancer les activités d'extractions à l'arrêt depuis janvier sur le site de Loulo-Gounkoto, dans l'ouest du pays, un des plus importants gisements aurifères au monde, détenu à 80% par le groupe minier et à 20% par le Mali.

Zoumana Makadji, nommé administrateur provisoire, aura la tâche "d'ouvrir la mine dans les plus brefs délais", a dit à l'AFP un magistrat du tribunal de commerce.

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Dans un communiqué, Barrick a confirmé avoir perdu le "contrôle opérationnel" de la mine et rappelle que l'entreprise a entamé une procédure d'arbitrage auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), une organisation de la Banque mondiale basée à Washington.

Une source représentant les intérêts de l'État malien au procès a indiqué à l'AFP que cette mesure permet de "protéger les intérêts économiques nationaux" et évite "la fermeture brutale de la mine en l'absence d'un accord révisé".

"Au bout de six mois, le juge constatera l'évolution des négociations et ou d'un accord et avisera", a expliqué à l'AFP le magistrat du tribunal du commerce.

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Barrick s'était dite "contrainte" de devoir arrêter ses opérations à Loulo-Gounkoto après la saisie le 11 janvier de trois tonnes d'or sur le site par des soldats venus en hélicoptère.

La junte empêchait déjà Barrick d'exporter l'or du site et quatre employés maliens de la compagnie sont en détention depuis novembre. La situation était devenue "intenable", selon un responsable industriel. 

Au nom de la souveraineté économique du pays, le Mali a réformé son code minier en 2024 et réclame des centaines de millions de dollars d'arriérés d'impôts à Barrick.

Les militaires arrivés au pouvoir par la force en 2020 cherchent à obtenir une part plus importante des revenus générés par les activités extractives, y compris celles du complexe souterrain et à ciel ouvert de Loulo-Gounkoto.