Fil d'Ariane
Bien que sans grand suspense, c'était l'annonce la plus guettée.
"Les participants se sont prononcés pour la prorogation de la transition (...) Les délais avancés varient de six mois à cinq ans". Le panel de hautes personnalités maliennes vont donc dans le même sens que le chef de la junte qui les a sélectionnées. Impossible de tenir les délais, avait expliqué Assimi Goïta à la Communauté ouest-africaine qui le sommait de rendre les clés.
Outre le chronogramme, une dizaines de thèmes se sont dégagés de ces assises. Tour d'horizon avec Kaourou Magassa, notre correspondant à Bamako.
"Un moment privilégié d’examen collectif de conscience et de prospective", "l’occasion rêvée de suspendre les clivages", "une occasion exceptionnelle pour nous interroger sur le type de citoyens que nous voulons être"...
Le 9 décembre 2021, le chef de la junte malienne Assimi Goïta multipliait les adjectifs pour qualifier les Assises nationales de la refondation qui allaient débuter deux jours plus tard.
A qui s'adresse-t-il alors ? A l'opinion malienne ? A la Cédéao qui lui met la pression ? A la France avec qui les relations se sont plus que dégradées, notamment depuis la main tendue de la Russie saisie par Bamako, illustrée notamment par l'arrivée supposée imminente de paramilitaires de la compagnie privée Wagner.
De ces assises devrait découler un Mali Koura, un nouveau Mali promis depuis un an et demi par le colonel Goïta, auteur de deux coups d'Etat. Une promesse devenue slogan mais aussi attente.
Les responsables en charge de l'organisation de ces concertations assurent qu'elles ont pu se tenir dans 725 des 749 communes que compte le pays. 70.000 personnes y auraient participé. En revanche, neuf des 60 cercles (collectivités territoriales entre la commune et la région) n'ont pas pu prendre part aux Assises pour des raisons de sécurité.
A l'issue de ces deux grosses semaines au niveau local, les recommandations sont "remontées" à Bamako, confiées à un "panel de hautes personnalités" chargées de produire un rapport final. Anciens ministres, hauts-fonctionnaires, avocats ou encore historiens, les 19 membres de ce panel ont été nommés directement par Assimi Goïta.
Leurs recommandations présentées ce jeudi 30 décembre en fin de journée seront "exécutoires". En d'autres termes, les autorités s’engagent à les appliquer sans y toucher. Lundi, au coup d'envoi de cette dernière ligne droite, le colonel Goïta a demandé au panel de "faire le diagnostic sans complaisance de l’état de la nation, d’en tirer les meilleures leçons, d’analyser en profondeur la situation globale du pays".
L'initiative de ces Assises de la refondation n'a pas fait consensus.
Le 11 décembre, le Cadre d'échange, réunion de plusieurs partis et regroupements de partis, estimait que ces Assises n'étaient qu'une "manœuvre dilatoire" destinée à prolonger la transition, de la part d'un gouvernement "sans repère, ni boussole".
La veille, d'autres acteurs importants, au sein d'un Cadre stratégique permanent (CSP), avaient eux aussi prévenu que les conclusions des Assises ne les engageraient "nullement". Ce CSP rassemble notamment les signataires de l'accord d'Alger (2015), censé stabiliser le pays.
Les opposants à ce dialogue, peu convaincus a priori par l'exercice, ont préféré insister sur la nécessité d'organiser les élections dans les plus brefs délais.