Au Mali, les militaires aux postes-clés dans le nouveau gouvernement

La présidence de transition au Mali a annoncé lundi, dans un communiqué lu à la radio-télévision publique, la formation d'un nouveau gouvernement intérimaire, dans lequel des militaires conservent les portefeuilles-clés, malgré les critiques. L'annonce du nouveau gouvernement survient dans un contexte social tendu, avec un nouvel appel à la grève générale lancé pour cette semaine.

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Moctar Ouane Premier ministre du Mali en octobre 2020
Le Premier ministre malien, Moctar Ouane, en octobre 2020 à Bamako.
© REUTERS/Paul Lorgerie
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Des militaires détiennent toujours les portefeuilles de la Défense, de la Sécurité, de l'Administration territoriale et de la Réconciliation nationale dans ce nouveau gouvernement de 25 membres constitué après la démission de la précédente équipe présentée le 14 mai par le Premier ministre de transition Moctar Ouane.

M. Ouane avait été immédiatement reconduit dans ses fonctions par le président de transition, Bah Ndaw, un colonel à la retraite, et chargé de former un gouvernement "de large ouverture" dans un climat social dégradé et à moins d'un an d'importantes échéances électorales.

Deux membres de la junte qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keita le 18 août dernier, les colonels Sadio Camara et Modibo Kone, sont remplacés à leurs portefeuilles respectifs de la Défense et de la Sécurité.

Les putschistes avaient nommé en septembre un civil au poste de Premier ministre, Moctar Ouane, la principale condition posée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), inquiète du risque d'une emprise durable des militaires sur le processus de transition, à la levée de ses sanctions imposées après le coup d'Etat.

La junte s'est engagée à rendre le pouvoir à des dirigeants civils élus, au terme d'une période de transition d'une durée maximale de 18 mois.

Grogne sociale

Mi-avril, les autorités de transition maliennes ont annoncé l'organisation le 31 octobre d'un référendum sur une révision constitutionnelle, promise de longue date et fixé à février-mars 2022 les élections présidentielle et législatives au terme desquelles elles se sont engagées à rendre le pouvoir à des dirigeants civils.

Le doute persiste toutefois quant à leur capacité à tenir leur programme, a fortiori dans un contexte où les violences jihadistes et autres continuent sans relâche, où la contestation politique se fait à nouveau jour et où s'accumulent les signes de grogne sociale.

Le principal syndicat malien a lancé ce lundi 24 mai une deuxième grève de quatre jours en un mois, à la suite de l'échec de négociations salariales avec le gouvernement.

L'Union nationale des Travailleurs maliens (UNTM), qui regroupe des salariés des secteurs public et privé, entend ainsi peser sur les négociations salariales lancées avec les autorités de transition.

La grève touchait notamment les administrations et le secteur bancaire, largement paralysés, ont constaté les correspondants de l'AFP. 

Un mouvement de grève similaire avait été mené à la mi-mai par l'UNTM qui menace de lancer un mouvement illimité. 

"Le gouvernement ne vient qu'avec des promesses, et encore, elles sont toujours assorties de conditions", a expliqué à l'AFP Hamadoun Bah, un des responsables de l'UNTM. 

Cette mobilisation sociale va de pair avec de sérieuses crispations politiques dans un pays en proie depuis des années à une tourmente multiforme et théâtre il y a neuf mois d'un coup d'Etat militaire. 

Le Mouvement du 5-Juin, qui avait animé la contestation ayant débouché sur le renversement du pouvoir civil du président malien Ibrahim Boubacar Keïta en août dernier, a appelé à de nouvelles manifestations le 4 juin.